La transition énergétique : un rempart contre les inégalités
Au lendemain des élections législatives anticipées, alors que certaines forces politiques cherchent à faire de l’écologie et la justice sociale des repoussoirs, acteurs des territoires, professionnels de la transition écologique, structures de lutte contre la précarité, réunis au sein du réseau Cler, réaffirmons la nécessité d’accélérer la transition énergétique pour réduire les inégalités sociales et territoriales. Rénovation énergétique, lutte contre la précarité énergétique, énergies renouvelables, mobilité durable et inclusive… Voici comment la transition énergétique peut garantir à toutes et tous des conditions de vie désirables et soutenables.
Baisser les factures d’énergie grâce à la rénovation énergétique
En France, un logement sur quatre est une passoire thermique et 12 millions de personnes sont en précarité énergétique. En plus d’avoir trop froid ou trop chaud dans leur logement, ces familles voient leurs factures d’énergie augmenter. La transition énergétique est une solution majeure pour baisser les factures des français.
Bloquer les prix de l’énergie, une fausse bonne idée
Face à la flambée des prix du gaz et de l’électricité, l’État a mis en place un bouclier tarifaire pour en limiter artificiellement l’impact sur le budget des ménages. Depuis octobre 2021, le bouclier tarifaire a coûté à l’État plus de 100 milliards d’euros qui auraient pu servir à revaloriser le chèque énergie pour les personnes aux revenus modestes ou à contribuer au financement d’une politique de rénovation énergétique.
Le bouclier tarifaire a été mal ciblé. Il a bénéficié à tous les Français, sans distinction de revenus, alors qu’il est démontré que les plus riches ont tendance à consommer plus d’énergie. Ce sont eux qui ont le plus bénéficié de cet allégement tarifaire. Bloquer les prix de l’énergie sans ciblage n’est donc pas une mesure pertinente pour aider les personnes aux revenus modestes.
La rénovation énergétique : seule solution juste et durable
Pour faire économiser chaque année 1 000 euros aux familles sur leur facture d’énergie, la seule solution efficace et de long terme est de rénover entièrement les logements. Or, l’obligation de travaux pour les passoires énergétiques en location (déjà adoptée) est aujourd’hui remise en question par certains décideurs politiques et l’extrême droite. Renoncer à cette obligation de rénovation, c’est maintenir une grande partie des Français dans des difficultés financières avec des factures d’énergie trop élevées.
La proposition du réseau Cler :
Un calendrier opérationnel pour mettre fin progressivement aux passoires énergétiques doit être acté. Cela implique un financement massif de l’État pour assurer aux propriétaires aux revenus modestes une prise en charge à 100% de la rénovation énergétique de leur logement et garantir à tous un accompagnement de proximité de qualité.
Créer des emplois et dynamiser les territoires grâce au développement des énergies renouvelables
Le nucléaire en option, les énergies renouvelables incontournables !
Selon l’ensemble des travaux de prospective publiés en 2021 (ADEME, RTE, négaWatt), le nucléaire est une option pour la transition énergétique, contrairement aux énergies renouvelables qui sont incontournables pour bâtir notre futur énergétique, garantir la sécurité d’approvisionnement énergétique et répondre à l’urgence climatique. Se lancer dans un nouveau programme nucléaire présente un risque de dérives financières et de retards chroniques, comme ceux qui ont jalonné la construction de l’EPR de Flamanville, alors que les énergies renouvelables, couplées aux économies d’énergie, sont des solutions fiables, compétitives, rapidement déployables, garantissant notre sécurité d’approvisionnement, des retombées économiques pour l’État et les territoires.
Toutes les énergies renouvelables participent à répondre à nos besoins en électricité, gaz ou chaleur : elles sont un levier puissant pour garantir des prix de l’énergie modérés pour les ciotyenset les entreprises, faciliter la relocalisation d’industrie et la création d’emplois, investir pour consolider des activités agricoles et des services publics de proximité.
Les énergies renouvelables locales pour ne pas subir la crise
Produire l’énergie localement est un rempart contre la crise énergétique pour bon nombre de collectivités territoriales, notamment dans les campagnes, là où les ressources sont les plus importantes. Les Territoires à Énergie Positive par exemple utilisent l’argent généré par les énergies renouvelables pour rénover les écoles et ainsi améliorer le confort des élèves tout en baissant la consommation d’énergie. Certaines collectivités, distribuent également cet argent pour redonner du pouvoir d’achat aux habitants via des chèques énergie et en finançant des actions de lutte contre la précarité énergétique.
En plus de réduire les inégalités entre les territoires, les villes et les campagnes, une transition énergétique avec des énergies renouvelables locales permet d’asseoir une vie démocratique en impliquant les habitants. Associations, citoyens, élus locaux, choisissent ensemble les productions d’énergies souhaitées sur le territoire en lien avec son histoire et ses potentiels
La proposition du réseau Cler
L’accélération du développement de toutes les énergies renouvelables est déterminante pour atteindre les objectifs climatiques, l’autonomie énergétique et la sécurité d’approvisionnement du pays. Les freins au développement des différentes filières doivent être levées pour inscrire notre futur énergétique vers un 100 % renouvelable, porteur d’un renouveau démocratique et solidaire. Accélérer la transition énergétique et le déploiement des énergies renouvelables, c’est aussi désinvestir massivement dans les énergies fossiles et doter les territoires de moyens humains et financiers nécessaires pour mener localement les projets d’énergies renouvelables.
Garantir à tous et toutes un droit à se déplacer sans polluer
12 millions de Français déclarent avoir des difficultés à se déplacer, notamment pour accéder à l’emploi, aux services, à l’éducation et aux soins. 78% des habitants des communes rurales n’ont que leur véhicule individuel pour se déplacer, alors que le coût d’usage des voitures ne cesse d’augmenter. Dans le même temps, le transport individuel, par la combustion de carburants fossiles, contribue largement à la pollution de l’air et provoque des problèmes respiratoires et cardiaques notamment chez les enfants et les personnes âgées.
Soutenir les personnes et non les énergies fossiles
La baisse de la TVA sur le carburant était au cœur des débats des élections législatives. Cette proposition revient à subventionner massivement les énergies fossiles. Or l’urgence sociale et climatique nous appelle à réduire notre dépendance à la voiture thermique, pour soutenir et organiser la fin de vente de ces voitures en Europe d’ici 2035 . Les propositions doivent donc se tourner vers une généralisation des mobilités durables pour les rendre accessibles à tous et toutes.
La proposition du réseau Cler
Le réseau Cler plaide pour un accompagnement de toutes les personnes, en particulier les plus modestes, pour sortir de la dépendance à la voiture thermique individuelle et pouvoir se déplacer notamment pour accéder à l’emploi et aux services publics.
Cela doit passer par la mise en œuvre d’alternatives concrètes et accessibles selon les territoires : accès facilité aux mobilités actives ou électriques (voiture électrique, location de vélos, etc…), lignes express de transport collectif, covoiturage, autopartage et de nouveaux aménagements adaptés.