Les Territoires à énergie positive : un modèle de résilience

L’explosion des prix de l’énergie sonne l’heure de vérité pour les collectivités. Celles qui se sont engagées de longue date sur la voie de la sobriété et de l’autonomie sont moins touchées que les autres.

Une facture énergétique en baisse de 50 % en 2023 par rapport à 2008 : quel maire n’en rêverait pas ? C’est pourtant une réalité pour Patrick Sabin et pour Escource, sa petite commune de 800 habitants. Nichée au cœur du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne, Escource s’est engagée dans la démarche TEPOS en 2012, suite à un appel à projet régional. 10 ans plus tard, des panneaux photovoltaïques couvrent une bonne partie des toits de ses bâtiments communaux et 80 % de ses besoins en électricité, en autoconsommation. Son éclairage public est entièrement autonome et solaire. Enfin sa chaufferie-bois, raccordée à un mini-réseau, lui fournit la quasi-totalité de sa chaleur.  « Nous avons utilisé tous les leviers du scénario négaWatt – sobriété, efficacité, énergies renouvelables – mais nous avons porté une attention particulière à la production locale d’énergie. Nous disposons en effet d’un atout de taille : la forêt, dont une partie non négligeable appartient aux communes.» En 2017, en prenant la vice-présidence à la transition écologique de la nouvelle Communauté de Communes Cœur Haute Lande, il constate pourtant que ses voisins n’ont pas tous suivi la même trajectoire. Il s’emploie aujourd’hui à les convaincre, se risquant parfois à qualifier la flambée des prix de l’énergie de « mal pour un bien » car, pour lui, l’urgence est écologique avant d’être financière.

Effacer les consommations superflues

700 et quelques kilomètres plus au Nord, à Malaunay, en Seine-Maritime, son collègue Guillaume Coutey se réjouit, lui aussi, d’avoir engagé il y a 10 ans sa commune de 6 200 habitants dans la démarche. En commençant par faire le ménage dans les bâtiments communaux, trop nombreux. « C’est le point de départ de l’approche négaWatt : effacer les consommations superflues. Nous avions trois écoles en sous-effectifs, nous sommes revenus à deux, bien remplies. Nous avions une crèche et une halte-garderie : nous les avons réunies en une seule structure. Toutes sont aujourd’hui installées dans des locaux énergétiquement performants. Comme le sont devenus, au fil des années, tous nos bâtiments. » À partir de 2017, ceux-ci se couvrent en outre de panneaux photovoltaïques, qui assurent aujourd’hui 30 % de la consommation d’électricité de la commune, en autoconsommation. Quant à ses besoins en chauffage, ils sont désormais couverts à 65 % par la biomasse, grâce à un réseau de chaleur et deux chaufferies indépendantes. Quand, début 2022, la défaillance de son fournisseur oblige Malaunay à renégocier son électricité au pire moment, ces dix années d’efforts limitent les dégâts… « Nous avons toujours été conscients du coût de l’inaction. En 2021, notre facture énergétique s’est élevée à 253 000 euros : sans avoir agi, elle aurait été de 565 000 euros. Elle va malheureusement bondir cette année en raison de la hausse prix de l’énergie, mais moins qu’ailleurs… »

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