Améliorer les appareils de chauffage et de refroidissement à air

En décembre 2023, la Commission Européenne a lancé un processus de révision de la législation encadrant l'écoconception des appareils de chauffage et de refroidissement à air. Que faut-il attendre de cette réactualisation ? Réponse avec le spécialiste Marco Grippa, responsable du programme décarbonation des systèmes de chauffage et de refroidissement à Ecos.

Dans le cadre de cette démarche, la Commission européenne a rassemblé cet été les avis des différents acteurs engagés sur le sujet dont l’association Ecos. Cette dernière pilote la campagne Cool Products dont le réseau Cler est un relai national, qui œuvre depuis des années en faveur de systèmes de chauffage et refroidissement plus soutenables.

Pourquoi cette révision est-elle importante ?

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Marco Grippa : Grâce à cette révision, on va pouvoir améliorer l’efficacité énergétique des appareils de chauffage et de refroidissement à air présents dans les grands bâtiments résidentiels, commerciaux et industriels. Cela nous permet de nous attaquer aux produits obsolètes, inefficaces ou polluants. Par exemple, en demandant à interdire les systèmes de chauffage et refroidissement à air qui brûlent des combustibles fossiles. Ou bien, en favorisant l’utilisation de techniques de réfrigération naturelle à la place des gaz fluorés. C’est une étape que nous attendions car nous sommes en retard ! La réglementation actuelle date de 2016, et est censée être revue tous les 5 ans. Or, les consultations pour la révision ont débuté fin 2023, soit 7 ans plus tard. Cette amélioration sera bénéfique pour tout le monde, les consommateurs, l’État et les fournisseurs d’énergie, en réduisant les dépenses et la facture énergétique pour les mêmes types de services.

Pourquoi l’échelon européen est-il le plus pertinent pour légiférer sur l’écoconception de ces appareils ?

M.G. : C’est plus facile pour s’aligner avec les objectifs énergétiques et climatiques de l’Europe en coordonnant depuis Bruxelles ce qui est nécessaire pour tous les États. Cela permet également d’aligner nos compétences entre pays européens, mais aussi d’harmoniser notre réglementation par rapport aux produits fabriqués hors Europe afin d’avoir un marché plus uniforme, et éviter une réglementation différente pour chaque territoire.

Quels sont les attentes de la campagne Cool products sur ce renouvellement de l’encadrement par l’Union Européenne ?

M. G. : La première chose que nous espérons est l’introduction d’un étiquetage énergétique sur ces produits. Avec le changement climatique et les vagues de chaleurs répétées, ces appareils vont être de plus en plus nombreux sur le marché. Globalement, le nombre de climatiseurs va tripler d’ici 2050. Il est donc important de pouvoir identifier ceux qui sont les plus efficaces. Or, la régulation actuelle ne concerne que l’écoconception. Ensuite, nous demandons l’interdiction de mise en circulation des appareils qui chauffent de l’air par combustion fossile. Ils sont plus polluants et peu efficaces. Et comme ils ne représentent qu’une faible part, ils sont aussi les moins difficiles à retirer du marché. Enfin, il faut que la réglementation rattrape son retard sur les avancées technologiques. Il existe aujourd’hui des procédés beaucoup plus efficaces qui ne sont pas encore pris en compte. Au-delà de l’efficacité énergétique, toutes ces mesures nous aideront à réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à ces produits.