Pompes à chaleur : isoler d’abord !

Largement soutenues par l’État, les pompes à chaleur (PAC) ont un rôle central à jouer dans la décarbonation du bâtiment et la transition énergétique. Une note technique de l’Association négaWatt et du CLER – Réseau pour la transition énergétique identifie les conditions dans lesquelles il est judicieux de recourir à ce mode de chauffage.

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Pompes à chaleur et rénovation performante une combinaison gagnante

Collection comprendre.
Note d’orientation sur les conditions garantissant un rôle efficace des pompes à chaleur dans la décarbonation des bâtiments.

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Quel est l’origine de ce travail conjoint ?

Isabelle Gasquet, responsable de projets efficacité énergétique au CLER – Réseau pour la transition énergétique : 

Dès 2020, en raison des aides incitatives mises en place par l’État et d’un contexte réglementaire favorable, notre réseau a observé un fort développement des pompes à chaleur.  Il a également constaté un risque d’installation de pompes à chaleur dans des situations inadaptées. Nous avons donc constitué un groupe de travail avec des conseillers France Rénov’, un artisan chauffagiste et des experts de la rénovation et de la géothermie. Notre objectif : recenser les risques et les problématiques observées sur le terrain et formuler des recommandations. C’est dans ce cadre de réflexion que l’Association négaWatt a mené une étude technique pour déterminer les conditions requises pour qu’une pompe à chaleur (PAC) puisse être installée efficacement à la place d’une chaudière.

Olivier Sidler, membre fondateur de négaWatt et expert en maitrise de l’énergie : L’objectif de l’étude « Rôle de la pompe à chaleur dans la stratégie de rénovation » était de modéliser les pompe à chaleur dans le parc de logements existants afin de quantifier l’impact qu’elles avaient sur les émissions de gaz à effet de serre (GES), la pointe électrique, la consommation d’énergie finale et primaire. Nous nous sommes finalement focalisés sur les « passoires thermiques », les logements de classes F et G chauffés au fioul ou au gaz.  Il s’agit d’un parc dont il faut s’occuper prioritairement car il est le plus énergivore, le plus émetteur de GES et qu’il abrite les populations les plus vulnérables.  

Quels en sont les principaux enseignements ?

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O.S. : Les pompes à chaleur ne fonctionnent pas comme les chaudières. Leur fonctionnement est optimal lorsque la température prélevée dans l’air ou dans l’eau est la plus proche possible de celle restituée dans l’installation de chauffage. Mais surtout, elles ne peuvent fonctionner que si la température nécessaire aux émetteurs de chaleur des logements est inférieure à 55°C. Dans des logements d’avant 1975 où les radiateurs sont alimentés avec une eau à 90°C, ce système ne marche pas. Par temps froid, dans des logements mal isolés, les PAC ne pourront pas non plus fournir une puissance suffisante.
Cependant, après une rénovation thermique complète et performante, permettant d’abaisser la température des radiateurs à 45 °C , les PAC divisent par 100 les émissions initiales de GES et par 15 les consommations d’énergie primaire. Et elles réduisent jusqu’à 70% la facture énergétique des ménages. 

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I.G. : Cette étude montre bien qu’une rénovation performante reste le meilleur outil pour atteindre les objectifs climatiques. La décarbonation du bâtiment est un sujet majeur. Mais pour que la PAC puisse fonctionner correctement, il faut mettre les choses dans le bon ordre : d’abord on isole, ensuite on chauffe. La performance énergétique commence par la rénovation, le changement de système de chauffage ne doit intervenir qu’à la fin. 

Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?

I.G. : Il faut commencer par renforcer les aides à la rénovation globale et performante. Elles ont été revalorisées début janvier, ce qui est une bonne chose, mais il faut aller plus loin. Les aides à l’acquisition et l’installation de PAC devraient être conditionnées au respect de critères techniques (régime de température des émetteurs de 55°C maximum) garantissant leur fonctionnement et leur efficacité quelle que soit la température extérieure, et donc systématiquement associées à une rénovation énergétique performante, globale ou par étapes. Il faut également introduire des mesures de protection des consommateurs : lutter contre le démarchage abusif, renforcer l’accompagnement par les Espaces Conseil France Rénov’ qui peuvent jouer le rôle de tiers de confiance, ou encore améliorer le référentiel RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) pour favoriser les professionnels les plus compétents. 

O.S. : Le couplage PAC/rénovation est bénéfique à tout point de vue : abaissement de la température permettant à la PAC de fonctionner, réduction des GES, protection des plus précaires, diminution des consommations électriques. Il ne faudrait pas rater cette occasion et discréditer la filière en les installant n’importe comment et en multipliant les contre-références et les sinistres. Les PAC sont une solution exceptionnelle si et seulement si elles s’accompagnent d’une rénovation complète et performante. Le gouvernement français, comme la Commission européenne, devraient utiliser ce levier pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). 

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Heat pumps and deep renovations, a win-win combination

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