Plus d’efficacité énergétique en Europe pour moins de consommation d’énergie

Entrée en vigueur en octobre 2023, la nouvelle directive sur l’efficacité énergétique fixe, à l’échelle de l’Union européenne, un objectif de réduction de la consommation d’énergie de 11,7% d’ici 2030. Le point avec Arianna Vitali, secrétaire générale de la Coalition for Energy Savings et Etienne Charbit, responsable de projet Europe au CLER-Réseau pour la transition énergétique.

Quels sont les principaux objectifs de la directive sur l’efficacité énergétique ?

Arianna Vitali : Cette directive établit le cadre général pour réduire les consommations d’énergie en Europe au moyen de l’efficacité énergétique. Pour cela, elle fixe un objectif chiffré pour tout l’Europe. Cet objectif, pour 2030, d’une réduction de 11,7% de la consommation d’énergie correspond en réalité à une diminution de 21% rapportée aux consommations d’énergie de 2021. Cette baisse concerne tous les pans de l’économie : transport, industrie, bâtiment. La directive fixe aussi des objectifs de réduction de la consommation d’énergie spécifiques pour le secteur public, pour l’ensemble de ses activités : transport, éclairage, traitement de l’eau… Les bâtiments publics doivent être rénovés à un niveau de performance énergétique équivalent à celui des bâtiments neufs. Enfin, une attention forte est portée à la précarité énergétique, des mesures doivent être prises en faveur des ménages les plus vulnérables ou les plus modestes. Outre sa contribution aux objectifs de neutralité carbone en 2050, la directive répond aussi aux enjeux de souveraineté et de sécurité énergétique et de baisse des factures énergétiques pour les entreprises comme pour les particuliers. La mise en œuvre de cette directive cruciale doit démarrer le plus tôt possible. Il appartient aux États membres de rendre concrets les engagements européens.

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Quels leviers allons-nous devoir actionner en France pour répondre à ces objectifs ?

Etienne Charbit : La France va soumettre en juin 2024 à la Commission européenne un plan national intégré énergie-climat où figureront ses objectifs nationaux. La bonne nouvelle est que ceux-ci, qui prévoient pour 2030 une baisse de 30% de la consommation d’énergie finale par rapport à 2012, sont en ligne avec la directive. Reste à préciser quelles mesures concrètes permettront d’arriver à ce résultat. On pourrait notamment introduire de nouvelles obligations de rénovation performante des bâtiments résidentiels, par exemple à la mutation des biens, en ciblant prioritairement les passoires énergétiques et en renforçant l’accompagnement technique et financier des ménages, notamment des plus modestes.

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De plus, l’entrée en vigueur, en 2027 du marché carbone sur le transport et le logement va renchérir les factures des citoyens. Un Fonds social pour le climat européen de 86,7 milliards d’euros doit servir à amortir cette hausse en accompagnant les ménages les plus modestes pour la rénovation énergétique de leur logement ou l’acquisition d’un véhicule électrique par exemple. La France devrait recevoir 7 milliards d’euros de ce Fonds entre 2026 et 2032. Nous souhaitons qu’elle mette au moins le même montant en face, pour disposer ainsi de 14 milliards d’euros sur 6 ans et s’assurer que la transition ne soit pas un fardeau pour le plus modestes qui sont aussi les plus captifs des énergies fossiles.