COP régionale : un processus participatif au temps long

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires a annoncé la création de COP régionales pour impliquer les collectivités locales dans la mise en œuvre de la feuille de route de la planification écologique nationale. Jordana Harris, Responsable de l'équipe Villes et territoires durables et Louise Vaisman, Chargée de plaidoyer sénior Villes et Territoires durables au sein de WWF France reviennent sur les atouts d’un tel processus et les écueils à éviter.

Comment l’organisation d’une COP à l’échelle régionale peut-elle permettre d’accélérer la transition écologique et énergétique d’un territoire ?

Jordana Harriss : Il ne sert à rien que les États prennent de grands engagements lors des COP internationales s’ils ne réfléchissent pas à leur application concrète au niveau local. Après une année de travail coordonnée par le Secrétariat général à la Planification écologique (SGPE), les COP régionales permettent de donner le pilotage de la transition écologique aux collectivités, sur le terrain. C’est également l’opportunité de faire remonter, au niveau national, des initiatives locales qui existent et fonctionnent.

WWF France accompagne depuis 2019 la COP Centre Val de Loire, comment procédez-vous ?

Louise Vaisman : Nous sommes intervenus dans la création de la COP pour définir son mécanisme, son fonctionnement, et ses ambitions. Nous avons recommandé des approches spécifiques ou des sujets d’intérêts sur lesquels nous sommes à présent pleinement intégrés via notre participation à des coalitions d’acteurs.

J.H. : Depuis 2019, la COP Centre-Val de Loire fédère des citoyens, entreprises, collectivités, établissements financiers, mais aussi l’Ademe et la Banque des territoires, au sein d’une même structure. La région dispose ainsi d’un démonstrateur territorial. En trois ans, 274 engagements ont été pris et 35 coalitions d’acteurs s’engagent à développer des actions sur des sujets précis en faveur du climat.

Après le lancement des COP régionales en novembre, le Gouvernement attend un plan d’action dès l’été 2024. Est-ce réaliste ?

J. H. : Une COP régionale est un processus participatif au temps long : mobiliser les acteurs, organiser la concertation, interroger les besoins des acteurs, recenser les initiatives vertes ne se fait pas en quelques mois. Même si certaines collectivités ont déjà initié des COP, ce calendrier nous semble trop contraint pour être efficace.

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Au regard de votre expérience en Centre-Val de Loire, quels sont les écueils à éviter pour réussir la décentralisation de la transition écologique ?

 J.H. : Il est primordial que le Gouvernement ne se déresponsabilise pas de ses engagements en donnant les clés de la transition aux collectivités. C’est pourquoi nous appelons à la vigilance quant aux moyens qui seront alloués aux collectivités dans le cadre des COP régionales, afin de répondre aux demandes des acteurs de terrain. Ces derniers ont besoin d’avoir un cap, de savoir ce que vont devenir les actions locales qu’ils feront remonter au niveau national. Il faut leur donner confiance dans le processus de décentralisation écologique.

 L. V. : Pour le moment, nous constatons un manque d’indicateurs d’évaluation des objectifs de la planification écologique et de sa territorialisation. Il nous semble aussi important que soit créée une instance nationale de suivi des COP régionales.

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