En 2024, le CLER-Réseau pour la transition énergétique fête ses 40 ans !

Le CLER - Réseau pour la transition énergétique fête ses 40 ans en 2024 ! L’occasion de faire le point avec les trois co-présidents de l’association sur quatre décennies au service de l’énergie durable et solidaire.

1984 – 2024 : quel regard sur le chemin parcouru ?

Marc Jedliczka : La création en 1984 du Comité de Liaison des Énergies Renouvelables (CLER) est intervenue dans une période d’effervescence autour de cette thématique à l’époque très nouvelle. 

Deux ans plus tôt, la fusion du COMES (Commissariat à l’Énergie Solaire) et de l’AEE (Agence pour les Économies d’Énergie), tous deux créés en réponse aux chocs pétroliers – de 1974 pour le premier et 1979 pour la seconde – avait donné naissance à l’AFME (Agence Française de la Maîtrise de l’Énergie), ancêtre de l’ADEME. 

Ce n’est qu’en 2001 avec la création par l’ADEME, en partenariat avec les Conseils régionaux, du réseau des Espaces-Info-Energie (aujourd’hui France-Renov) que le CLER et ses membres commencent à agir dans le domaine de la maîtrise de l’énergie, puis dans celui de la précarité énergétique à partir de la publication avec la Fondation Abbé Pierre du Manifeste contre la précarité énergétique en 2005 et enfin dans celui de l’action territoriale à travers la création du réseau des TEPOS (Territoires à énergie positive) en 2011.

Aujourd’hui, le CLER qui bénéficie d’une vraie reconnaissance institutionnelle, compte près de 300 membres et poursuit son ouverture à de nouvelles activités et de nouveaux modèles économiques tels que les programmes thématiques financés par les CEE (Actimmo, Slime, Tims…), la création de réseaux d’acteurs de terrain comme récemment celui sur la sobriété ou encore la signature de partenariats comme celui avec l’AMRF (association des Maires ruraux de France) sur la transition territoriale. 

Quelles sont, selon vous, les 3 principales victoires de l’association au cours de ces 4 décennies ?

Jean-Pierre Goudard : Depuis 40 ans, les pionniers et pionnières de notre association ont inventé des solutions et prouvé leur soutenabilité.  C’est pourquoi nous sommes chaque année invités à siéger aux débats sur l’énergie et l’environnement. Notre spécificité : la traduction au niveau national des propositions politiques issues de nos expériences locales. Au cœur de ces propositions : l’organisation territoriale de l’énergie avec une liaison organique entre urbain et rural. La vitalité du réseau des Territoires à énergie positive (TEPOS) rassemblant plus de 100 collectivités membres est un marqueur de cette réussite. Nous sommes convaincus que la mise en réseau est le modèle le plus pertinent pour accélérer la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables. Les rencontres TEPOS nous le rappellent chaque année. En 2023, plus de 500 personnes se sont retrouvées dans les Monts du Lyonnais !

Notre deuxième grande victoire est d’avoir su créer des programmes efficaces de développement de solutions d’économies d’énergie adaptées au terrain. Depuis 10 ans le dispositif Slime est déployé pour lutter au niveau local contre la précarité énergétique.  Ce programme propose un réel accompagnement des personnes en situation de précarité énergétique : il bénéficie à 75 000 ménages accompagnés sur plus de 70 territoires dans les métropoles de Lille, Brest, Paris, La Rochelle, Besançon ou encore des départements comme le Morbihan, la Gironde, les Alpes Maritimes, l’Aude …35 % du territoire français est désormais couvert par un Slime.

En 2023, un nouveau programme au service de la mobilité durable et solidaire pour accélérer la transition juste dans tous les territoires a vu le jour. Baptisé Tims, il est piloté par le CLER-Réseau pour la transition énergétique aux côtés d’AURA-EE, Mob’in et le RARE, co-lauréats d’un appel à programmes CEE.  Notre ambition est de participer à la structuration de ce secteur en contribuant à la professionnalisation des acteurs locaux : formation de conseillers et de référents en éco-mobilité inclusive, et mise à disposition d’un centre de ressources. Nous souhaitons aussi permettre aux territoires enclavés de construire et de proposer des solutions adaptées aux ménages les plus précaires.   

Enfin, le tableau ne serait pas complet sans l’activité de plaidoyer. Tournés vers demain, avec l’ambition de bâtir un avenir énergétique solidaire, nous portons, depuis 40 ans, haut et fort nos positions pour réhausser l’ambition des projets de loi. En 2023, nous avons suivi de près la loi sur l’accélération des énergies renouvelables et, à l’échelle européenne, les directives européennes sur l’efficacité énergétique et la performance énergétique des bâtiments. Grâce à notre engagement, nous avons installé dans le débat public l’interdiction de mise en location des passoires énergétiques, réaffirmant les liens entre rénovation énergétique, justice sociale, santé publique, et contribuant ainsi à l’adoption du décret décence paru en août 2023.

Quelles sont vos prochaines batailles ?

Delphine Mugnier : En tant que tête de réseau et acteur historique, le CLER-Réseau pour la transition énergétique entend défendre le maintien d’un service public de qualité pour la rénovation énergétique. Nous exigeons un cadre de financement pérenne à la hauteur des enjeux de la rénovation, la clarification des  rôles de l’État et des collectivités territoriales en matière de pilotage et de mise en œuvre du service public, et la garantie d’un parcours d’accompagnement adapté aux besoins des usagers.

2024 sera une année charnière sur ce sujet comme sur celui des énergies renouvelables. En la matière, notre pays n’est à la hauteur ni de ses engagements européens ni de ses objectifs nationaux. La loi d’accélération des énergies renouvelables place les maires en première ligne. Ce sont eux, sur leur territoire, qui ont la responsabilité de définir des zones d’accélération. Pour que ces élus puissent agir, le CLER-Réseau pour la transition énergétique propose un parcours d’initiation dans la continuité du Grand Atelier des maires ruraux pour la transition écologique organisé par l’Association des Maires Ruraux (AMRF) et auquel il a contribué.  Nous devons inscrire notre futur énergétique vers le 100% renouvelable : lever les freins de développement aux différentes filières pour répondre à de nouveaux besoins énergétiques, électrifier certains usages et décarboner nos modes de vie. Et bien sûr désinvestir massivement dans les énergies fossiles et le nucléaire qui accroissent nos vulnérabilités. Par dessus-tout, il faut instaurer un débat démocratique de qualité, investir et créer des boucles de financements vertueux. Aux côtés de nos adhérents, nous ne manquons pas de chantiers pour accélérer la transition énergétique en 2024 et pour les prochaines années !