Le règlement européen « éco-conception » oblige déjà les fabricants d’appareils électriques et électroniques à concevoir des produits plus économes en énergie. En complément, l’étiquette énergie permet aux consommateurs de distinguer les produits les plus efficaces. Il a ainsi permis d’économiser d’énormes quantités d’énergie et d’émissions de CO2 depuis son entrée en vigueur, tout en allégeant la facture des ménages et des professionnels. Dans le cadre de leurs travaux sur l’économie circulaire, les institutions européennes travaillent désormais à l’intégration de critères de réparabilité dans cette réglementation. Les enjeux de cette réforme, en lien avec les économies d’énergie, sont très importants.

Cycle de vie

L’analyse en cycle de vie, au cœur de l’économie circulaire, bouleverse la représentation de l’impact environnemental de nos modes de production et de consommation. Les critères actuels ne portent souvent que sur la phase d’utilisation des appareils concernés chez les particuliers ou les professionnels. En souhaitant développer une économie circulaire, la France et l’Union européenne souhaitent se pencher sur l’ensemble du cycle de vie des produits.

En effet, l’ impact environnemental d’un réfrigérateur ou d’une ampoule ne se limite pas à leur utilisation, il devrait aussi inclure leur fabrication (extraction et transformation des matières premières, consommation énergétique et pollution de l’usine où ils sont fabriqués) leur commercialisation (emballage et transport depuis cette usine jusqu’au distributeur puis au consommateur) et leur élimination (emballage et produits qu’on ne souhaite plus utiliser) ou leur recyclage.

Prime à la casse

L’impact des produits dans leur phase d’utilisation est déjà difficile à estimer et à réduire et l’intégration des autres phases du cycle de vie renforce cette complexité, mais cet effort est nécessaire pour relever le défi de la transition énergétique et environnementale à l’échelle planétaire. Une multitude de critères (émissions polluantes des usines, particules et gaz à effet de serre émis lors du transport, plastique des emballages) devraient ainsi être pris en compte.

Dans le cas de l’énergie, la production d’un appareil peut nécessiter une quantité d’énergie deux fois supérieure à la totalité de sa consommation en phase d’utilisation, au point de remettre en question l’idée selon laquelle le remplacement d’un vieil appareil par un nouveau, plus efficace, est nécessairement bonne pour l’environnement.

C’est ainsi que la question de la durée de vie de ces équipements s’est posée : si un réfrigérateur ou tout autre appareil tombé en panne ou abimé peut être réparé et durer quelques années de plus plutôt que d’être remplacé par un neuf, on peut réduire l’impact énergétique de l’utilisateur. Les Amis de la Terre soulignent d’ailleurs que, contrairement à certaines affirmations, ce n’est pas le goût de la nouveauté qui nous pousse à renouveler régulièrement nos équipements. En effet 76 % des appareils sont renouvelés parce qu’ils ne fonctionnent plus et non parce que les consommateurs en veulent un autre.

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Mobilisation

Dans le cadre de sa participation à la campagne Cool products, le CLER a longtemps été le seul représentant de la société civile française dans le cadre des travaux français et européens sur l’étiquette énergie et le règlement éco-conception. Avec l’émergence de la problématique de l’économie circulaire au niveau européen, de nouveaux acteurs de la société civile se mobilisent pour faire évoluer ces réglementations. Les Amis de la Terre France et Halte à l’Obsolescence Programmée ont ainsi rejoint officiellement la campagne Coolproducts cette année, tandis que d’autres associations comme Zero Waste France et France Nature Environnement sont fortement engagées sur les questions d’économie circulaire au niveau français, montrant la volonté des citoyens de faire évoluer les modes de production et de consommation pour protéger l’environnement.