Une étude pointe les appels d’offres comme obstacles au développement des EnR

Une nouvelle étude commandée par les groupes de réflexion sur les politiques énergétiques Energy Watch Group, World Future Council/Global Renewables Congress et Haleakala Stiftung est parue en décembre dernier. Le CLER-Réseau pour la transition énergétique fait le point sur ces principaux enseignements.

Intitulée, « Les politiques publiques actuelles entravent l’expansion des énergies renouvelables dans le monde et compromettent les objectifs climatiques », cette nouvelle étude s’inscrit dans le cadre de la révision des lignes directrices sur les aides d’État à la protection de l’environnement et de l’énergie prévue en 2022.
Alors que de nouvelles données publiées par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) confirment que les investissements dans les énergies renouvelables sont en baisse depuis 2017, l’étude souligne qu’au niveau mondial, les objectifs de développement des énergies renouvelables sont bien trop faibles pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. En parallèle, le recours croissant aux appels d’offres/mise aux enchères des énergies renouvelables crée des obstacles supplémentaires à cette croissance, en particulier pour les projets de petite et moyenne taille.

Selon Anna Leidreiter, cheffe de projet au World Future Council/Global Renewables Congress  « les énergies renouvelables doivent fournir la part du lion des besoins en électricité, chaleur, froid et mobilité au cours de la prochaine décennie. Pour atteindre cet objectif ambitieux, tout le monde doit participer à cette transition. Nous avons besoin de cadres politiques qui ouvrent le marché de l’énergie à de nouveaux acteurs. Et de poursuivre : cette étude montre que les ventes aux enchères ne peuvent à elles seules servir cet objectif ».

Élargir le cadre de soutien pour déployer les énergies renouvelables

En s’appuyant sur les observations empiriques dans plus de 20 pays, les auteurs de l’étude concluent qu’il est urgent d’élargir le cadre politique de soutien pour favoriser le déploiement des énergies renouvelables.

Ils recommandent ainsi d’adapter l’utilisation des différents instruments politiques en fonction du segment de marché :
1. poursuivre le recours aux appels d’offres pour les projets de grande envergure ;
2. utiliser les tarifs d’achat (ou des primes d’achat) pour les petits et moyens projet ;
3. soutenir les politiques d’autoconsommation pour des projets à très petite échelle.

Par ailleurs, les auteurs de l’étude identifient précisément les six principales lacunes des cadres de politique énergétique centrés sur les appels d’offres / mise aux enchères  :

  • Les mises aux enchères / appels d’offres ne permettent pas un accès équitable à tous et dissuadent les acteurs non professionnels de l’énergie.
  • Ils ne favorisent pas la diversité des tailles de projets : les grands projets réussissent généralement à surenchérir sur les petits, excluant de ce fait les projets de petite et moyenne taille.
  • Ils créent une concentration du marché en privilégiant les acteurs financièrement solides et de grande taille, qui ont la capacité à mutualiser les risques.
  • Ils freinent l’appropriation par les acteurs locaux et les habitants de nouveaux projets de production d’énergie renouvelable (et dans certains déstabilisent des marchés locaux en termes d’accès à la ressource, comme cela a été le cas sur la biomasse).
  • Ils souffrent souvent d’une sous-souscription, de l’annulation ou du retard de projets, ce qui entrave la réalisation des objectifs de déploiement des énergies renouvelables.
  • Ils ne garantissent pas de faibles niveaux de rémunération, et n’ont pas non plus entraîné les récentes réductions de coûts des énergies renouvelables.
Consultez l’étude (en anglais et en allemand)
Contact

Alexis Monteil-Gutel

Responsable de projets EnR

alexis.monteil[arobase]cler.org