Transition énergétique : ne rabotons pas les budgets !
Alors que la France traverse une crise politique qui vient s’ajouter à la crise sociale et climatique, le réseau Cler appelle le nouveau gouvernement à agir en faveur d’une transition énergétique juste, ambitieuse, portée par les territoires et synonyme d’un renouveau démocratique. Le projet de loi de finances est le premier levier à actionner pour affirmer cette volonté. Voici comment.
Encourager la dynamique de rénovation énergétique pour soutenir le pouvoir d’achat
En 2024, la réforme de MaPrimeRénov’ a permis de réorienter le système d’aides publiques vers la rénovation performante des logements en augmentant les forfaits pour tous les ménages, et particulièrement pour les plus modestes, ainsi qu’en rehaussant les plafonds de travaux subventionnables. Le bilan MaPrimeRénov’ du 1er semestre publié par l’Anah, montre que les dossiers déposés concernant les rénovations d’ampleur des logements individuels sont en hausse de 61% par rapport à la même période l’année dernière. Cette dynamique positive prouve la nécessité de garder le cap pour soutenir les rénovations performantes. Pourtant, parmi les coupes budgétaires déjà annoncées, la rénovation énergétique des logements est menacée. L’État s’est engagé il y a un an à augmenter le budget de MaPrimeRénov’ d’1,6 milliard, puis a ensuite annoncé une baisse d’1 milliard et pourrait encore réduire l’enveloppe pour l’année prochaine.
Le réseau Cler demande au nouveau gouvernement à l’occasion du projet de loi de finances de sortir du stop and go permanent et de réattribuer au budget MaPrimeRénov’ le montant voté initialement. Les ménages ont besoin de stabilité et de planification pour se saisir de la rénovation énergétique de leur logement et réduire durablement le montant de leurs factures. Les retours d’expérience des Espaces Conseil France Rénov’ membres de notre réseau montrent que les aides ciblées couplées à un accompagnement neutre et de qualité sont les leviers à actionner pour accélérer les rénovations énergétiques performantes et in fine soutenir le pouvoir d’achat des ménages. Un tel dispositif permet de cibler en priorité les ménages les plus vulnérables et contribue à lutter contre la précarité énergétique (69% de bénéficiaires de MaPrimeRénov’ ont un revenu modeste ou très modeste).
Pérenniser les moyens alloués aux territoires pour développer les énergies renouvelables
Le Fonds vert est au cœur du financement de la territorialisation de la planification écologique, pourtant il semble être tué dans l’œuf. Il fait l’objet d’une baisse de 60% passant de 2,5 milliards dans le PLF 2024 à 1 milliard pour l’année 2025. Cette perte de moyens va freiner le développement de projets de transition portés par les territoires et même mettre à mal les projets en cours. Selon I4CE, les besoins d’investissements des collectivités en faveur du climat s’élèvent à 11 milliards d’euros supplémentaires par an et en moyenne d’ici à 2030. Une estimation qui se trouve bien loin des finances disponibles !
Les collectivités, membres du réseau des Territoires à énergie positive, déplorent aujourd’hui le manque de visibilité et de stabilité pourtant nécessaire pour engager une politique de transition énergétique transversale et mener des projets d’énergies renouvelables. À ce titre le réseau Cler demande de rehausser le Fonds vert et le Fonds chaleur, ainsi que de renforcer et pérenniser les moyens humains des collectivités. Augmenter le budget du réseau des “Générateurs” porté par l’ADEME de 7,5 millions d’euros permettrait d’assurer la présence de 4 conseillers éoliens et photovoltaïque par région. Ces emplois permettront d’accompagner les élus dans le développement de projets d’énergie renouvelable en accord avec les besoins du territoire et les objectifs de la stratégie nationale bas-carbone. À terme, ces énergies renouvelables locales assurent aux collectivités des retombées positives en termes d’emplois et de finances.
À travers ce projet de loi de finances, le gouvernement se doit d’écouter la voix des associations, collectivités, entreprises de terrain engagés dans la transformation écologique du pays, au plus près des Français et des Françaises.