Retour sur l’évolution de la politique énergétique en France
En 2012, le comité de liaison pour les énergies renouvelables (CLER), né en 1984, devient le réseau de la transition énergétique. Un changement de nom qui amène à s’interroger sur l’évolution de la politique énergétique en France et l’émergence d’un concept : la transition énergétique.
Au début des années 2000, une poignée de praticiens de l’énergie, la Compagnie des négaWatts, se lancent un défi : imaginer l’avenir énergétique de la France à l’horizon 2050, en misant sur la sobriété, l’efficacité et les énergies renouvelables. « Cette démarche était totalement inédite. Notre premier scénario prospectif est sorti en 2006 puis tous les 5 ans, un exercice qui a, bien plus tard, largement inspiré RTE et l’ADEME. Le Manifeste négaWatt publié en 2012 chez Actes Sud avait pour sous-titre « réussir la transition énergétique ». Trois ans plus tard, ce terme jusqu’alors inconnu dans le débat public était inscrit dans la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV). Désormais il irrigue toute réflexion sur l’avenir de la planète et de ses habitants » constate Marc Jedliczka, co-fondateur de négaWatt et co-président du CLER qui souligne la qualité de la relation, le compagnonnage, la communauté d’esprit entre les deux structures.
L’inscription dans la loi
« La Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte constitue un nouveau jalon dans l’histoire, assez longue, de la politique énergétique en France » souligne François-Mathieu Poupeau, sociologue et politiste, directeur de recherches au CNRS (LATTS). « Leurs objectifs varient au cours du temps, en fonction des enjeux qui se posent aux pouvoirs publics », précise-t-il. Au moment de l’apparition des premiers réseaux d’énergie, il s’agit de fournir un nouveau service public aux populations, dans un cadre qui accorde alors d’importantes compétences aux communes (loi du 15 juin 1906). Le « relais » est ensuite pris, de manière progressive, par l’Etat et les grandes entreprises publiques qui, au lendemain de la Seconde guerre mondiale notamment, poursuivent l’électrification du territoire, l’interconnexion des réseaux et la réalisation de grands projets de production (hydroélectriques, thermiques, électronucléaire), dans le but de procurer une énergie bon marché et abondante, analyse l’expert. Le choc pétrolier conduit à la création, en 1974, de l’agence pour les économies d’énergie, qui deviendra l’agence française pour la maîtrise de l’énergie (AFME) en 1981. De nouveaux enjeux apparaissent, autour des économies d’énergie puis de l’environnement et de la pollution.
L’ADEME, un acteur clé
« L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) naît en 1992 de la fusion de l’AFME avec les agences chargées de la gestion des déchets et de la qualité de l’air. Pendant 10 ans, l’ADEME est très occupée par l’application de la loi de 1992 sur le traitement et la valorisation des déchets. En 2003, la canicule a fait du changement climatique une réalité. L’ADEME est alors devenue « le champion » de l’efficacité énergétique, des économies d’énergies et des énergies renouvelables, en travaillant avec des associations comme le CLER, pionnières sur ces questions, et qui sont devenus de véritables partenaires » se souvient Michèle Pappalardo, présidente de l’ADEME de 2003 à 2007.
L’essor des énergies renouvelables
A partir des années 1990, le développement des énergies renouvelables devient un nouvel objectif de la politique énergétique, sans se substituer aux précédents. S’y ajoute plus récemment la lutte contre le changement climatique. Sur ces sujets, comme sur d’autres, les « acteurs des territoires » refont désormais surface, étant considérés par l’Etat comme des relais utiles pour sa politique énergétique. « Dans ce nouveau contexte, fort de son ancrage local, le CLER est appelé à jouer un rôle de plus en plus important, en accompagnant les initiatives des acteurs des territoires, dans toute leur diversité (collectivités territoriales, collectifs de citoyens ou porteurs de projets à gouvernance locale) » estime François-Mathieu Poupeau.
Retour sur 40 ans d’engagement