Nos propositions pour accélérer la rénovation énergétique performante
Alors que la concertation sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) est en cours, Rénovons, une coalition coordonnée par le réseau Cler, propose des mesures concrètes pour accélérer la rénovation énergétique performante des logements français.
Entretien avec Damien Barbosa, chargé de campagne Rénovons au sein du réseau Cler,
et Charlotte Le Droumaguet, responsable des affaires publiques de Knauf Insulation.
Proposition de nouvelles normes de rénovation performante pour atteindre les objectifs européens
Le réseau Cler publie dans sa collection Convaincre des propositions construites au sein de Rénovons pour accélérer la rénovation énergétique performante des logements en France.
Consulter la publicationPourquoi avez-vous collaboré avec plusieurs structures pour élaborer et soutenir des propositions sur la rénovation énergétique performante ?
Damien Barbosa : Le collectif Rénovons fédère une trentaine d’entreprises et d’associations engagées en faveur de la rénovation performante et de la lutte contre la précarité énergétique. Dans le cadre de la concertation pour la future programmation pluriannuelle de l’énergie, nous avons souhaité travailler avec d’autres acteurs pour établir un constat commun et proposer des solutions concrètes, applicables et aussi consensuelles que possible pour accélérer la rénovation performante et atteindre les objectifs européens. En juin, nous avons donc organisé un atelier réunissant des structures d’horizons très divers, y compris des représentants de l’administration. La note que nous publions aujourd’hui est le fruit de ces réflexions partagées.
Quel constat dressez-vous ?
D.B. : Notre constat est sans ambiguïté et reste le même depuis de nombreuses années : en matière de rénovation énergétique performante, la France est très en retard sur ses objectifs de moyen et de long terme. En 2022, 66 000 rénovations d’envergure ont été enregistrées, bien loin des 200 000 attendues par le Gouvernement pour 2024, sans parler du cap de 700 000 visé à partir de 2030. En ce qui concerne les objectifs européens fixés par la révision de la directive européenne sur la performance énergétique, il s’agit d’atteindre 1,2 millions de rénovation performante chaque année en France.
Charlotte Le Droumaguet : Les raisons de ce retard sont connues. Elles tiennent principalement à la persistance de rénovations par gestes et à la grande instabilité des mécanismes d’aides. En début d’année, avec le déploiement de MaPrimeRenov’ Parcours Accompagné, nous espérions que la tendance était en train de s’inverser, mais quelques mois plus tard, nous avons appris que le parcours était finalement ouvert aux monogestes. La réduction budgétaire de 1 milliard d’euros pour 2025 est un autre signe négatif.
Quelles propositions faites-vous ?
Damien Barbosa : Partant du constat que la logique d’incitation n’est pas suffisante pour atteindre les objectifs de rénovations performantes, nous souhaitons créer des obligations spécifiquement dédiées au secteur résidentiel. Nous proposons d’abord de systématiser la rénovation performante lors de la mutation des maisons individuelles et des bâtiments collectifs. Pour les copropriétés, nous appelons à faire respecter l’obligation d’isolation associée au ravalement de façade ou à la réfection des toitures. Enfin, nous suggérons d’introduire une obligation progressive de rénovation performante des logements sociaux.
Et quelles conditions d’accompagnement proposez-vous pour ces mesures ?
C.L.D. : Pour être acceptés et supportés par l’ensemble de la population, notamment par les ménages les plus modestes, il est impératif que ces mécanismes soient mis en place de manière équitable et accompagnés de mesures d’accompagnement. Nous recommandons ainsi de fixer un cadre lisible et pérenne via une loi de planification pluriannuelle du budget de la rénovation énergétique performante et la structuration d’une filière dédiée. Nous conseillons aussi de sécuriser les parcours des ménages en renforçant la lutte contre la fraude, avec un dispositif d’évaluation post-travaux. Enfin, nous appelons à poursuivre l’effort de financement public pour les ménages les plus modestes afin de tendre vers un reste à charge zéro.