Rénovation énergétique : luttons contre les idées reçues
A côté des climatosceptiques, des “rénosceptiques” commencent à faire entendre leurs voix discordantes : la rénovation énergétique serait trop chère, inefficace, peu désirable… Petit tour d’horizon des contrevérités les plus fréquentes, avec quelques arguments, sourcés, pour y répondre.
1 – « La rénovation énergétique est réservée aux plus riches »
Faux. La rénovation énergétique est accessible à tout le monde avec l’aide de l’État. À partir de de 2024, les taux du dispositif d’aide MaPrimeRenov’ varient selon les ressources des ménages. Pour les propriétaires occupants et bailleurs les plus modestes, le reste à charge peut être réduit à 10% du montant total des travaux. Ce reste à charge peut, dans certains cas, être financé, en partie ou en totalité, par des collectivités ou des associations (Stop à l’exclusion énergétique, Fondation Abbé Pierre par exemple) ou faire l’objet de prêts avantageux (éco-prêt à taux zéro ou prêt avance rénovation, qui prévoit un remboursement lors d’une revente ou d’une succession). Mais pour rénover la totalité des passoires énergétiques, l’État doit s’engager à financer la totalité des travaux de rénovation énergétique des ménages les plus précaires.
2 – « La rénovation énergétique est inutile face au changement climatique »
Faux. La rénovation énergétique est une solution durable pour baisser les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. Le bâtiment représente environ 18% de nos émissions de gaz à effet de serre. En France, un logement sur quatre est considéré comme passoire énergétique. Rénover de manière globale et performante ces logements énergivores permet de diviser par 4 voire par 8 la consommation et la facture d’énergie liées au logement. En réalisant un suivi d’une centaine de maisons individuelles rénovées au niveau BBC, l’ADEME a démontré la baisse durable des consommations permise par la rénovation énergétique globale et performante. En 2024, le budget de l’État consacre 5 milliards d’euros à la rénovation énergétique du logement, mais il faut aller encore plus loin pour rénover tout le parc immobilier au niveau BBC à l’horizon 2050 pour atteindre nos objectifs climatiques.
3 – « Il suffit de changer de système de chauffage »
Faux. La rénovation énergétique doit être globale et performante. Certes, le chauffage représente plus de 60% de la consommation d’énergie de nos foyers. Mais avant d’installer un système de chauffage, quel qu’il soit, il faut commencer par isoler et ventiler. Si on ne respecte pas cet ordre, on risque d’opter pour un système de chauffage surdimensionné, voire inefficace : par exemple, une pompe à chaleur ne peut pas apporter un niveau de confort satisfaisant dans une passoire thermique sans isolation. Le changement du système de chauffage est en principe la dernière étape d’une rénovation énergétique globale et performante.
4 – « L’interdiction de location des passoires énergétiques fragilise le marché de l’immobilier »
Faux. La rénovation énergétique protège les Français de la précarité énergétique.
La loi Climat et Résilience interdit progressivement la location des logements les plus énergivores. Pour certains, cette mesure serait à l’origine d’une crise des locations et de tensions sur le marché immobilier. En réalité, c’est surtout la hausse des taux d’intérêt qui pèse sur le marché. L’interdiction à la location des passoires énergétiques est une mesure de justice sociale : elle s’appuie sur les propriétaires qui ont davantage les moyens d’investir dans la rénovation de leur patrimoine que les locataires. L’État doit quant à lui s’engager davantage financièrement pour soutenir et accompagner les propriétaires bailleurs modestes dans la rénovation énergétique des logements passoires. Elle est un levier pour lutter durablement contre la précarité énergétique, améliorer la qualité de vie et la santé des Français et des Françaises.
5 – « Elle n’est pas compatible avec les contraintes architecturales et patrimoniales »
Faux. Il existe une solution de rénovation adaptée à chaque bâtiment et ses spécificités architecturales, ainsi qu’aux attentes des propriétaires. Le bâti ancien, antérieur à 1948, représente environ un tiers du parc immobilier, soit 10 millions de logements. Des solutions existent pour améliorer la performance énergétique de ce bâti, sans porter atteinte à sa valeur patrimoniale, d’autant que celui-ci dispose d’atouts non-négligeables. Le choix des matériaux et le soin apporté à l’édification des bâtiments anciens font qu’ils affichent généralement de meilleures performances énergétiques que les constructions de l’après-guerre. Si pour préserver les qualités architecturales d’un bâtiment, l’isolation des murs peut se faire par l’intérieur, une isolation extérieure peut également parfaitement concilier esthétique et performance énergétique. De nombreux exemples de rénovations énergétiques mettent en valeur les qualités architecturales d’un bâtiment.