PLF 2021 : un budget insuffisant pour accélérer la transition énergétique

Le projet de loi de finances pour 2021 et les mesures du plan de relance de 100 milliards d'euros sont présentés aujourd'hui, lundi 28 septembre, en Conseil des ministres. Pour le CLER - Réseau pour la transition énergétique, le manque d’ambition réelle et les modalités de mise en œuvre prévues par le Gouvernement sont incompatibles avec l’atteinte des objectifs de rénovation énergétique et de développement des énergies renouvelables.

Communiqué – 28 septembre 2020

Pour Jean-Baptiste Lebrun, directeur du CLER – Réseau pour la transition énergétique :

« Malgré les annonces, les arbitrages du Gouvernement pour le Projet de Loi de Finances 2021 et le déploiement du plan de relance sur la transition énergétique restent très conservateurs. En confondant vitesse et précipitation pour tenter de stimuler une reprise économique, le Gouvernement rate l’opportunité de transformer structurellement l’économie française pour faire face à l’urgence climatique et sociale. »

Rénovation énergétique : des changements à la marge

L’ajout d’un milliard d’euros par an au budget du dispositif de MaPrimeRénov demeure insuffisant pour accélérer le nombre de rénovations et leur performance.

  • Cette majoration, valable seulement pendant deux ans, permettra à peine de revenir au niveau d’investissements publics atteint en 2018 par le Crédit d’Impôt Transition Energétique (CITE). Selon le scénario de l’Initiative Rénovons, rien que pour rénover les passoires thermiques au niveau Bâtiment Basse Consommation (BBC), 3,2 milliards d’euros seraient nécessaires chaque année jusqu’à 2040.
  • En élargissant le nombre de bénéficiaires (1) de MaPrimeRénov dès 2021, il est inenvisageable de réduire le reste à charge pour les ménages les plus modestes et d’augmenter la performance et la qualité des travaux. Pour que cet élargissement soit pertinent, d’un point de vue écologique, il serait nécessaire de conditionner ces aides publiques à l’atteinte d’un haut niveau de performance après rénovation, ce qui sera très loin d’être le cas !
  • L’absence de moyens d’ingénierie supplémentaires et la précipitation pour la rénovation des bâtiments publics laissent également craindre que les sommes engagées ne le seront pas toujours sur les projets les plus pertinents pour réduire les consommations d’énergie.
  • Le CLER – Réseau pour la transition énergétique déplore le manque de dialogue et de transparence sur ces décisions importantes qui échappent à tout espace de débat. Avec la fin de la transformation du CITE en prime “MaPrimeRénov”, les modalités de la politique de rénovation énergétique ne passeront plus par le Parlement.
  • (1) les déciles 9 et 10 de revenus, les propriétaires bailleurs et les syndicats de copropriété.

Énergies renouvelables : les grandes absentes du plan de relance

À l’heure d’une nécessaire relocalisation des activités, les énergies renouvelables prouvent chaque année leur capacité à créer des emplois pérennes dans les territoires, quelles que soient les filières. Or, en 2019, la France occupait déjà l’avant dernière place du classement européen pour le développement des EnR !

  • Le plan de relance ne prévoit pas de financements supplémentaires à la hauteur des besoins pour accélérer le déploiement de ces filières d’avenir. L’augmentation du soutien à l’électricité renouvelable et au biométhane injecté de 1,3 milliard d’euros dans le cadre du PLF 2021, récemment annoncée par le ministère de la Transition Écologique, correspond à des projets en cours de raccordement et à la compensation des prix bas de l’énergie.
  • Aujourd’hui, les engagements budgétaires de la France demeurent insuffisants pour atteindre les objectifs 2023 fixés par la PPE et respecter ses engagements européens. Il est nécessaire de redresser la barre, il est encore temps de réagir !

Rôle des collectivités : une absence d’ingénierie pour impulser les bons investissements

Les collectivités ont un rôle clé à jouer pour accroître notre résilience et notre capacité à affronter de nouvelles crises liées au réchauffement climatique. Le CLER – Réseau pour la transition énergétique et le réseau des Territoires à Énergie Positive appellent l’État à leur donner les moyens de pérenniser et renforcer leurs actions.

  • Le troisième projet de loi de finances rectificative (PLFR 3) pour 2020 a acté une hausse de 1 milliard d’euros de la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) fléchés vers la transition écologique, la résilience sanitaire et la rénovation du patrimoine. Une augmentation bien en-deçà des besoins réels. Les collectivités ont besoin de 700 millions d’euros supplémentaires par an d’ici à 2023 pour des dépenses de fonctionnement. Bien entendu, il est nécessaire de s’assurer que l’augmentation de la dotation globale des collectivités est affectée au projets de transition écologique. Son versement pourrait, par exemple, être conditionné par l’atteinte d’objectifs fixés dans les Contrats de Relance et de Développement Écologique annoncés.
  • Investir dans l’humain est une nécessité. Sans personnels dédiés à l’animation de la transition écologique dans les territoires, pour impulser, accompagner, et porter des projets, les milliards du plan de relance ne serviront à rien !
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La transition énergétique pour sortir de la crise sanitaire et économique du Covid-19

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Contact

Jean-Baptiste Lebrun

Directeur
06 68 51 10 12

jeanbaptiste.lebrun[arobase]cler.org

Qui sommes-nous ?

Le CLER – Réseau pour la transition énergétique est une association française, agréée pour la protection de l’environnement, créée en 1984. Elle a pour objectif de promouvoir les énergies renouvelables, la maîtrise de l’énergie et plus largement, la transition énergétique.

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