Les changements de chaudière à 1 euro : une fausse bonne idée
Rendre l’efficacité énergétique la plus accessible possible - en particulier pour les ménages modestes - est bien sûr indispensable. Mais le dispositif actuel « coup de pouce CEE » et les offres de changement de chaudière à 1 euro posent problème. Pourquoi ? Les explications du responsable Efficacité énergétique du CLER, Romain Riollet.
« La meilleure façon de réduire durablement ses factures est de commencer par bien isoler le logement, pour réduire son besoin en énergie ! »
Le chauffage au fioul est souvent choisi pour les maisons individuelles dans les zones rurales sans accès au réseau de gaz. Au cours actuel du pétrole, il reste relativement abordable, mais sera fortement pénalisé par l’augmentation des prix à venir et les émissions de gaz à effet de serre qu’il génère. L’idée de le remplacer par une pompe à chaleur est séduisante car elle permet en théorie de réduire les émissions de CO2 et les factures de chauffage (la pompe à chaleur consomme de l’électricité, mais pas autant qu’un chauffage électrique classique).
Cependant, la meilleure façon de réduire durablement ses factures est de commencer par bien isoler le logement, pour réduire son besoin en énergie ! Cela permet d’installer un système de chauffage moins puissant et donc moins gourmand en énergie. Si la chaudière d’un logement mal isolé est remplacée par une pompe à chaleur, celle-ci doit avoir une puissance importante et consommera plus d’électricité que dans un logement bien isolé. C’est une occasion ratée de réduire les consommations d’énergie, en particulier lors des pics de consommation, quand le contenu en CO2 et le prix de l’électricité augmentent.
Les nombreux retours d’expérience mitigés sur les « travaux à 1 euro » (qui ne sont pas systématiques mais vont du défaut de mise en œuvre à l’arnaque pure et simple) incitent aussi à la prudence. Le remplacement d’une chaudière par une pompe à chaleur trop petite rendrait par exemple le logement inchauffable. Enfin, ce dispositif pose un dernier problème de taille : il fait des installateurs des prescripteurs de travaux, alors que les ménages ciblés ne sont souvent pas en mesure d’évaluer par leurs propres moyens les risques associés à des choix inadaptés. Il existe pourtant aujourd’hui d’autres offres permettant de réaliser des rénovations complètes, très performantes et abordables (le programme Dorémi, par exemple) !
Aller plus loin – Dorémi accompagne les artisans vers la rénovation performante
Romain Riollet
Responsable Efficacité énergétique
romain.riollet[arobase]cler.org