L’énergie citoyenne pour donner du sens à la transition

L’énergie citoyenne, qu’est-ce que ça change ? Après deux ans de travail, Énergie Partagée publie une étude qui met en lumière les impacts sociaux des projets citoyens de production d’énergie renouvelable. Marion Richard, responsable du pôle animation nationale de l’association, livre les principaux enseignements.

Lire l’étude

Pour quelles raisons s’intéresser à l’impact social généré par l’énergie citoyenne ?

Marion Richard : Depuis plusieurs années, nous menons des enquêtes sur les retombées économiques locales et les bénéfices environnementaux des projets de production d’énergie renouvelable citoyens. Il nous manquait cette approche par les effets sociaux, culturels, personnels qu’ils produisent au territoire et aux acteurs qui s’impliquent.

Cette étude fournit des données factuelles pour valoriser les programmes auprès des élus et des citoyens, encourager de nouvelles initiatives locales. Et avancer vers l’objectif de 1000 nouveaux projets d’ici 2028 fixé par la Ministre de la transition écologique. 

Avec quelle méthodologie avez-vous réalisé cette étude ?

M.R. : Accompagnée par l’entreprise TransFormatrion, Énergie Partagée a d’abord réalisé un référentiel d’évaluation qui donne une vue d’ensemble des impacts de l’énergie citoyenne. Puis dans la France entière, près de 650 bénévoles, actionnaires de projets locaux, structures nationales ou régionales d’intermédiation citoyenne ont répondu à un questionnaire pour analyser ce que cette implication leur apporte.

Quels sont les résultats marquants de l’étude ?

M.R. : Les projets citoyens de production d’énergie renouvelable engendrent de multiples bienfaits. Ils constituent bien plus que la simple production d’énergie renouvelable : ils donnent du sens à la transition énergétique. Ils sont un remède à l’impuissance face à l’urgence climatique et procurent une fierté d’agir pour 84% des personnes interrogées. Ils contribuent aussi à forger des citoyens plus engagés, y compris sur d’autres sujets.

Par ailleurs, s’engager permet d’acquérir des connaissances et des compétences pouvant conduire à une reconversion professionnelle : deux bénévoles sur trois témoignent de leur envie de s’orienter vers les métiers de la transition énergétique.

Il s’agit également d’un puissant vecteur d’implication dans les politiques énergétiques et environnementales. De nouvelles coopérations naissent entre les citoyens et les collectivités. Enfin, c’est une occasion d’expérimenter une autre manière de travailler en collectif.
Ces impacts sont d’autant plus forts que les personnes sont « proches » du projet.

marion-richard-energie-citoyenne

Vous proposez également une mallette d’auto-évaluation. De quoi s’agit-il ?

M.R : Cette mallette, qui sera proposée dans le courant du mois d’avril, se présente comme une boîte à outils numérique : une palette d’indicateurs, un radar de progression, un jeu de cartes. Les porteurs auront ainsi la possibilité d’évaluer eux-mêmes les impacts de leur structure. Les résultats seront utilisés pour travailler l’identité et la stratégie de la structure, remobiliser un collectif, améliorer ses pratiques ou encore dans le but de communiquer pour convaincre de la pertinence des projets citoyens. Comme pour notre étude, l’ambition est de structurer une démarche d’évaluation de l’impact social.