Grenoble – Alpes Métropole, fer de lance de la ville apaisée
La majorité des communes de la métropole grenobloise ont fait le choix de limiter leur vitesse à 30 km/h. La démarche vise notamment à sécuriser les parcours piétons, avant d’accorder plus de place à la marche.
La métropole grenobloise a saisi au bond une nouvelle liberté offerte par le Sénat. Lors de l’examen de la loi transition énergétique, en juin 2015, les sénateurs ont souhaité permettre aux maires de fixer une limitation de vitesse inférieure à 50 km/h sur leur territoire. Dès le mois de septembre, 43 maires de toutes sensibilités politiques sur les 49 que compte la métropole de Grenoble annoncent de concert leur volonté de généraliser le 30 km/h dans leurs villes. La démarche, à une telle échelle, est unique en France.
Pédagogie, puis sanction
Le changement s’est progressivement mis en place courant 2016. La démarche vise avant tout à sécuriser l’espace public, notamment pour les piétons et vélos. Quelques axes majeurs sont restés à 50 km/h mais cette limitation est désormais l’exception. 80 % de la voirie est à 30 km/h. Mais les changements de comportements prennent du temps. En moyenne, trois ans, explique Yann Mongaburu, vice-président de la métropole en charge des déplacements. Des radars pédagogiques ont été installés. Ils permettent de constater qu’un tiers des automobilistes respectent la nouvelle règle, un tiers roulent entre 30 et 50 (donc en deçà de l’ancienne règle) et un dernier tiers roulent à 50 km/h ou plus. Bientôt, la métropole ne se contentera plus de la pédagogie et verbalisera ceux qui roulent à plus de 30 km/h.
Réduire l’espace consacré à la voiture
Une enquête montre que la démarche est majoritairement soutenue par la population : les deux tiers des sondés approuvent ces nouvelles limitations. Aujourd’hui, la métropole poursuit ses efforts et ouvre un nouveau chantier avec son programme Coeur de ville, coeur de métropole. D’ici 2030, elle compte limiter à 50 % l’espace public dédié à la voiture (contre plus de 80 % actuellement). Pour ce faire, chaque opération de réaménagement comporte une extension de l’espace dévolu aux piétons ou aux vélos. Le principal chantier est celui de la piétonnisation d’une partie du centre-ville. Si le projet a suscité beaucoup de critiques à son lancement, notamment de la part des commerçants, il serait aujourd’hui bien mieux compris, et accepté, selon Yann Mongaburu.
Par Camille Selosse, journaliste
Cet article est extrait du CLER Infos n°116
Moteurs d’une société en mouvement, les transports sont responsables d’un tiers de nos consommations d’énergie et polluent l’air que nous respirons. Pourtant, aucune législation structurante n’a permis jusqu’à aujourd’hui d’aborder le thème de la mobilité en cohérence avec l’urgence de la transition énergétique. Qu’attendre du nouveau mandat présidentiel sur ce sujet ? Comment réduire le trafic routier et diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports ? Comment convaincre les territoires d’agir pour favoriser la mobilité autrement ? Un dossier à retrouver dans le CLER Infos n°116.
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