Gaz dans le bâtiment : les clés pour comprendre
Le CLER-Réseau pour la transition énergétique a pris part à la concertation nationale « Accélérer la décarbonation du secteur du bâtiment ». Celle-ci place l’interdiction d’installation de chaudières gaz dans le bâtiment au cœur des discussions. Décryptage.
Du 5 juin au 28 juillet, la concertation « Accélérer la décarbonation du secteur du bâtiment » a réuni une pluralité d’acteurs pour échanger sur les solutions alternatives aux chaudières à combustible fossile dans le secteur du bâtiment. Avec la loi sur la transition énergétique et la croissance verte, votée en 2015, la France s’est fixée un cap ambitieux : rénover l’ensemble du parc de bâtiments pour atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés à l’horizon 2050. Il s’agit de disposer d’un parc immobilier dont l’ensemble des bâtiments sont rénovés en fonction des normes « bâtiment basse consommation » ou équivalent (classe A ou B du diagnostic de performance énergétique).
Aujourd’hui, le bâtiment génère à lui seul 23% des émissions de gaz à effet de serre annuelles françaises. L’objectif de cette concertation nationale est donc triple : faire baisser les consommations d’énergie du secteur, réduire son empreinte carbone et limiter les coûts liés à la facture d’énergie. Pour y parvenir, le gouvernement priorise la décarbonation, à travers le changement des systèmes de chauffage alimentés aux énergies fossiles (fioul ou gaz naturel). Dans sa feuille de route, la rénovation énergétique du bâtiment interviendrait dans un second temps.
Les points de vigilance
Le CLER-Réseau pour la transition énergétique s’accorde sur le fait qu’il faut sortir rapidement du tout fossile, mais défend un autre agencement des priorités. « Il faut réaliser en priorité des rénovations massives et performantes, en particulier pour les passoires énergétiques. » explique Etienne Charbit, Responsable efficacité énergétique. La France compte 5,2 millions de passoires thermiques. Selon lui, l’interdiction d’installation des chaudières à gaz prônée par le gouvernement a besoin d’être fortement accompagnée sans quoi elle présente un risque social, avec une explosion des factures d’énergie, et organisée de manière à respecter le principe de primauté de l’efficacité énergétique : « Si l’on change seulement le système de chauffage avant d’isoler, les émissions de gaz à effet de serre vont certes baisser mais la consommation d’énergie va rester élevée », détaille-t-il.
Nos propositions
Si le CLER-Réseau pour la transition énergétique salue l’intégration d’un pilier « performance » pour réaliser des rénovations d’ampleur, notamment dans les passoires thermiques, dans la réforme de MaPrimeRénov’ qui devrait être annoncée pour 2024, il avance des pistes d’amélioration. Le CLER-Réseau pour la transition énergétique préconise la réorientation de l’ensemble des aides vers les rénovations performantes, si besoin par étapes, avec le bon ordonnancement des travaux et une recherche optimale de la performance. « ll faut accompagner d’un point de vue technique et financier, avec un reste à charge qui tend vers zéro pour les plus modestes, et une dégressivité selon le revenu », explique Etienne Charbit. En outre, il propose d’instaurer une avance de fonds pour aider ces ménages à s’engager dans la rénovation. Enfin, dernière mesure clé : rendre obligatoire la rénovation globale d’un logement mal isolé dès la vente du bien. « Réaliser une rénovation globale permettra de diviser par 4 à 8 les factures, et donc de faire baisser la précarité énergétique qui touche 12 millions de personnes », soutient Etienne Charbit.
Consulter la réponse à la concertation