La fin des aides aux chaudières fossiles va-t-elle dans le bon sens ?
À partir du 1er janvier 2025, les aides pour l’installation de chaudières fonctionnant aux énergies fossiles seront supprimées. Une bonne nouvelle pour la sortie des énergies fossiles des bâtiments, à condition de l’inclure dans une démarche de rénovation globale et performante des logements en particulier pour les plus modestes. L’éclairage d’Étienne Charbit, responsable de projets Europe et Isabelle Gasquet, responsable de projets efficacité énergétique au réseau Cler.
Que dit la Commission européenne sur la fin des aides pour les chaudières à combustibles fossiles et que doit faire la France pour s’y conformer ?
Etienne Charbit : La directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments, adoptée en avril, impose aux États membres de supprimer, à compter du 1er janvier 2025, les aides à l’installation de chaudières autonomes fonctionnant aux énergies fossiles (fioul ou gaz fossile). Cette règle ne concerne pas les chaudières hybrides, lorsqu’elles intègrent une part significative d’énergies renouvelables, comme les pompes à chaleur couplées à des chaudières à gaz. Les États membres doivent adapter leurs dispositifs d’aides en conséquence, en suivant les lignes directrices de la Commission européenne. Ces dernières stipulent que les aides devront être proportionnelles à la part d’énergie renouvelable utilisée.
Cette mesure va-t-elle dans le bon sens pour sortir les logements de leur dépendance aux énergies fossiles ?
Etienne Charbit : La suppression des aides à l’installation de chaudières fonctionnant aux combustibles fossiles est une première étape indispensable pour orienter les choix des ménages en faveur de solutions durables. Cependant, il est essentiel de maintenir le principe de primauté de l’efficacité énergétique. L’objectif premier doit ainsi être de réduire la consommation d’énergie en isolant le logement tout en changeant les systèmes de chauffage alimenté aux énergies fossiles ou inefficaces. Enfin, cette suppression des aides doit s’inscrire en cohérence avec des signaux réglementaires comme la rénovation des passoires énergétiques ou à moyen terme la sortie des énergies fossiles en France, afin de ne pas pénaliser les ménages déjà victimes de précarité énergétique.
Quelle est la part des chaudières à combustibles fossiles dans les systèmes de chauffage domestiques ?
Isabelle Gasquet : Actuellement, il existe encore plus de 2 millions de chaudières fioul et 12 millions de foyers se chauffent au gaz, des chiffres considérables au regard des enjeux climatiques. Bien que les ventes de chaudières à gaz aient chuté de 40% depuis 2021, elles ont rebondi en 2024, contrairement aux ventes des pompes à chaleur ou des appareils de chauffage au bois performants qui connaissent une baisse préjudiciable.
Quelles sont les solutions alternatives proposées aux Français et Françaises ?
Isabelle Gasquet : Plusieurs alternatives existent pour aller vers un chauffage des logements beaucoup moins polluant et émissif, comme les pompes à chaleur, le chauffage au bois performant ou les réseaux de chaleur alimentés par des énergies renouvelables pour les logements collectifs. Particulièrement efficaces, les pompes à chaleur sont à privilégier sur le long terme lorsque le bâtiment le permet, et à associer à une isolation efficace du logement, tout particulièrement pour les passoires énergétiques.
Comment rendre ces solutions accessibles à tous ?
Isabelle Gasquet : La priorité est de permettre aux ménages les plus précaires d’accéder à la rénovation énergétique globale et performante en assurant une prise en charge totale des travaux. Sur ce plan, le système MaPrimeRénov’ a été considérablement renforcé grâce à une réforme qui module les aides en fonction des revenus et des performances à atteindre. L’accompagnement technique par France Rénov’ est également un rouage indispensable pour conseiller chaque ménage de manière personnalisée, avec une information de qualité et en toute neutralité.