La petite commune de Brannens en Gironde poursuit sa transition énergétique. L’unité de méthanisation, dont la mise en service est prévue en 2022, produira du biométhane d’origine agricole à un débit moyen de 100 Nm3/h. “Avant de me lancer dans cette aventure, je ne connaissais rien à la méthanisation, se souvient Yannick Duffau. Mais j’étais convaincu qu’il fallait prendre le train de la transition énergétique, et être dans les wagons de tête”, poursuit-il.  Maire depuis 2016, l’ancien technicien avicole de 52 ans est aussi à la tête de la SAS Agrienergie, en coopération avec neuf agriculteurs, notamment sa femme avicultrice.

Un projet agricole de territoire

Dès sa prise de fonction à la SAS, une réunion au syndicat mixte interterritorial du Pays du Haut Entre-deux-Mers (Siphem) est organisée. Membre du réseau des Territoires à énergie positive (TEPOS), le Siphem,  adhérent du CLER-Réseau pour la transition énergétique, le met sur les rails. Un potentiel méthanogène fort est estimé sur le territoire. Une réponse potentielle aux difficultés des agriculteurs à stocker les effluents d’élevage. Le Siphem cherche un volontaire : “J’y ai tout de suite vu l’occasion pour les exploitations familiales alors portées à disparaître, d’obtenir une source de revenus complémentaire grâce à un projet environnemental vertueux, raconte le maire qui se porte candidat. C’était aussi l’occasion de faire quelque chose ensemble”.

Convaincre les citoyens

Première mission : lancer une étude de faisabilité qui s’avère positive. Il faut ensuite convaincre les banques de suivre ce projet estimé à 4,7 millions d’euroset trouver des co-financeurs. Mais aussi chercher un terrain et lever les craintes de riverains, créer un collectif citoyen grâce à une association Brannens Agri Métha au Pays d’Auros… À chaque étape, ses complications : “C’est assez lourd à porter, reconnaît-il. Il nous fallait remporter l’adhésion de toutes et de tous… On ne produit pas d’énergie renouvelable contre les gens ” Finalement, c’est sur la commune d’Auros, à 5 kilomètres de là, qu’un lieu fait l’unanimité pour construire l’unité de méthanisation. Le plan de financement est bouclé, avec l’aide notamment du Conseil départemental, de la Région, de l’ADEME  et de trois Communautés de communes. 500 000 euros d’investissement citoyen sont levés. “Pour nous, c’était indispensable d’avoir les collectivités et les citoyens avec nous.  Nous n’étions plus seuls pour porter ce projet agricole du territoire !”, reconnaît Yannick Duffau.

« Cette unité appartient à ses agriculteurs »

Prendre les choses en main

Commence alors la phase de développement du projet. L’unité va recevoir le fumier de bovins, ovins, volailles … mais aussi du marc de raisin de producteurs viticoles. Des cultures intermédiaires à vocation énergétique seront également produites. Le collectif envisage déjà de se doter d’une seconde cuve dédiée aux biodéchets, et deux emplois seront créés dès la mise en service du site. “Cette unité appartient à ses agriculteurs, se réjouit le président d’Agriénergie. Ils ont pris les choses en main, pour que la ressource locale soit produite et traitée par eux-mêmes, localement. Ils montrent l’exemple.”

L’énergie d’avancer

Sous sa casquette de maire cette fois, Yannick Duffau poursuit son engagement en développant le photovoltaïque sur des terrains privés délaissés, ou encore sur la toiture de la salle polyvalente. L’éclairage public énergivore est remplacé par des lampes LED avec diminution d’intensité la nuit. Le Maire crée également une autre association dédiée cette fois à l’énergie renouvelable citoyenne. “J’espère que les habitants vont se regrouper pour créer des projets communs”, conclut celui qui  a des raisons d’y croire … Aujourd’hui, sa petite commune de 248 habitants produit plus qu’elle ne consomme : le train de la transition énergétique a bien démarré, et tout le monde est bienvenu à bord !