Évolutions du DPE : ne cultivons pas l’attentisme !
Deux nouvelles déclarations ministérielles portant sur des évolutions futures du DPE incitent le CLER-Réseau pour la transition énergétique à dénoncer des choix politiques de nature à ralentir encore la dynamique de rénovation énergétique dans notre pays.
Mi-février, deux prises de paroles gouvernementales sont venues troubler une fois de plus l’horizon de la rénovation énergétique. Leur cible commune : le DPE. C’est d’abord Christophe Béchu, ministre de la transition écologique qui a annoncé une réforme de la méthode de calcul du DPE afin de « corriger un biais » portant sur les petites surfaces de moins de 40 m2. En ligne de mire : la sortie de 140 000 logements du statut de passoire énergétique. Dans la foulée Bruno Lemaire, ministre de l’économie a émis le souhait de rouvrir le dossier du coefficient d’énergie primaire de l’électricité avec la volonté affichée de l’abaisser jugeant que les règles de pondération actuelles désavantagent l’électricité vis-à-vis du gaz. Si ces deux annonces sont encore loin d’être suivies d’effet, elles n’en constituent pas moins des signaux forts adressés aux propriétaires.
Sans être opposé de principe à des aménagements légitimes fléchés en direction des petits propriétaires qui n’ont pas les moyens d’être en conformité avec leurs obligations, le CLER-Réseau pour la transition énergétique regrette ces prises de positions à moins d’un an de l’entrée en vigueur de l’interdiction de louer les logements classés G. C’est ce que Danyel Dubreuil, coordinateur de Rénovons au sein du CLER-Réseau pour la transition énergétique a souligné dans de nombreux médias, en réponse aux déclarations des ministres. Dans Mediapart, il dénonce notamment des intentions qui ne visent pas « à rénover les logements et à faire baisser les consommations d’énergie, mais à faire baisser artificiellement le nombre de passoires parce que ce nombre est un problème politique. »
« Les propriétaires se mettaient progressivement à la rénovation énergétique, assure-t-il également à l’Obs. Là, le gouvernement envoie un message contradictoire qui donne l’impression que l’application de la norme est reportée. Tout ça cultive l’attentisme et désincite à la rénovation ». Il rappelle en outre que ces choix politiques augmentent le risque de précarité énergétique. « Les passoires thermiques sont souvent occupées par des personnes peu aisées, des personnes en situation de précarité énergétique dont les factures ne vont faire qu’augmenter, faute de rénovation et compte tenu de l’inflation. »
Interrogé par Batiactu, Danyel Dubreuil ajoute qu’ « un changement de thermomètre ne constitue pas la réponse concrète à l’état des logements français. Tenons compte avant tout de l’intérêt des consommateurs ! Et prenons garde à ne pas acter des décisions qui iraient à l’encontre de l’organisation d’une filière de la rénovation performante, pourtant seul horizon durable et juste pour les quinze prochaines années. »