Énergies renouvelables : en Aveyron, les citoyens reprennent le pouvoir
Production d’énergies renouvelables, sensibilisation, groupements d’achat… En Aveyron, les collectifs citoyens sont aux manettes pour retrouver le pouvoir d’agir.
Faut-il l’attribuer à son abondance d’eau, de soleil, de vent et d’espaces agricoles ? À sa forte identité ? L’Aveyron fait preuve d’un vrai dynamisme en termes de projets citoyens d’énergie renouvelable. Aujourd’hui, le département en compte six en cours, dont trois centrés sur le solaire. À La Roque Sainte Marguerite, par exemple, les agriculteurs de la Société Civile des Terres du Larzac (SCTL), regroupés au sein de Lum del Larzac, s’activent depuis dix ans pour équiper leurs hangars et bâtis en panneaux photovoltaïques. « Aujourd’hui, cela concerne 24 toitures pour une puissance de 360 kW », détaille Louise Balmer, animatrice du réseau ECLR Occitanie, adhérent du CLER-Réseau pour la transition énergétique. À Cornus, d’autres agriculteurs développent un projet éolien d’une puissance de 2 700 kW pour trois mâts. À Centrès, épaulés par des citoyens bénévoles, 26 de leurs collègues ont choisi la méthanisation pour valoriser leurs lisiers, fumiers et autres déchets verts. À Nant, les Amis de Saint-Martin du Durzon s’investissent dans la réhabilitation d’une centrale hydro-électrique…
Le développement des énergies renouvelables en ligne de mire
Parfois, c’est la collectivité qui initie les projets, avant d’y impliquer les habitants. Cela a été le cas sur le territoire du Parc des Grands Causses. Une première opération sur plus de 30 toitures publiques a été lancée avec la SCIC Sud Energia. Parfois, ce sont les citoyens qui prennent l’initiative, avant d’y associer une ou plusieurs communes. SCIC, SAS… les formes juridiques des structures sont multiples. « Mais la plupart appliquent les règles coopératives, comme le principe une personne-une voix, et mettent une bonne partie des bénéfices en réserve », indique Louise Balmer. « Même si quelques-uns achètent des parts pour leurs petits-enfants, l’objectif est plus de faire des choses ensemble et de réinvestir l’argent dans d’autres actions de transition ou de sensibilisation que d’engranger des bénéfices. » À Villefranche-de-Rouergue, Enercoa organise ainsi pour les particuliers des commandes groupées de panneaux solaires à des fins d’autoconsommation.
Un nouveau modèle à bâtir
Louise Balmer accompagne les projets dans le domaine juridique, la construction des modèles d’affaires, la communication. Mais aussi la dynamique de groupe, la gouvernance partagée… Malgré les pesanteurs générées par les contraintes réglementaires, elle est optimiste. « Nous aimerions que le montage des projets soit moins compliqué pour ces non-professionnels qui se retroussent les manches. Mais les politiques évoluent… Nous espérons déclencher le changement d‘échelle nécessaire. Un changement de modèle aussi, avec une énergie moins centralisée et moins capitalistique. » Des centaines de personnes investissent aujourd’hui dans les projets. Une manière de retrouver leur pouvoir d‘agir. « Sans leur implication, de nombreux projets ne peuvent plus aboutir, dans l’éolien notamment.«
« L’objectif est de réinvestir l’argent dans d’autres actions de transition ou de sensibilisation plutôt que d’engranger des bénéfices »
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Rendez-vous du 29 septembre au 1er octobre 2021 à Millau dans l’Aveyron pour les 11e Rencontres nationales « Énergie et territoires ruraux, vers des territoires à énergie positive ».
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