Pourquoi avoir lancé le « Dialogue Territorial Énergie », en 2022 ?

Pierre Leroy :  En tant qu’élu, lorsque je traitais de sujets liés à l’énergie, je voyais qu’ils devenaient rapidement polémiques : diminution des dépenses énergétiques, limitation de l’éclairage public, production d’énergie renouvelable… Par exemple, sur notre territoire de montagne, la première source d’énergie renouvelable est l’hydroélectricité, produite grâce aux torrents. Ces projets faisaient toujours naître de vives oppositions, cela se terminait souvent par des procès entre kayakistes, pêcheurs, associations environnementales et fournisseurs d’énergie. Trouver de nouvelles voies de dialogue était devenu nécessaire pour co-construire la politique énergétique. Nous testons de telles démarches depuis quinze ans au sein du PETR. 

Comment la démarche a-t-elle été présentée à la population ?

P. L. : Les enjeux mis en avant par les uns et les autres sont bien réels : toute énergie renouvelable a un impact, on ne peut le nier. Mais nous consommons toutes et tous de l’énergie… Et nous sommes toutes et tous extrêmement attaché·es à notre paysage et notre biodiversité. Dès lors, la question est : quels sont les compromis que nous sommes capables d’accepter, collectivement, sur les enjeux de production et de sobriété énergétiques ? Nous avons demandé aux acteurs locaux de mettre en pause leurs différends pour se projeter dans l’avenir, et préparer une politique qui aille vers l’autonomie énergétique et soit comprise par toutes et tous.

Quels résultats avez-vous observés ?

P. L. : Dans le panel citoyen, beaucoup de gens ont pris conscience de la complexité du sujet : il est lié aux enjeux de mobilité, de logement, de services publics, d’alimentation… à tous les aspects de la vie. « C’est dingue, jamais je n’aurais imaginé que c’était aussi compliqué, et en même temps aussi passionnant ! » C’est, en substance, ce que les habitants et habitantes nous disaient.  

Concrètement, le fait que le groupe citoyen et citoyenne soit parvenu à formuler 230 propositions d’actions sur l’énergie montre l’ampleur du travail réalisé. Ils et elles ont aussi mis en place un Conseil d’orientation des énergies qui se réunira trois fois par an pour étudier et faciliter la mise en œuvre de projets énergétiques sur le territoire. 

Quels conseils donneriez-vous à d’autres élus qui voudraient reproduire l’expérience ?

P. L. : Je rappellerais que la chose la plus importante, en concertation, c’est le contrat. Les acteurs locaux doivent donc, en premier lieu, travailler à la construction de ce contrat : que veut-on faire à travers ce projet et comment, que pouvons-nous en attendre et ne pas en attendre ? Une fois le cadre posé, on peut entrer dans la concertation proprement dite. Bien sûr, in fine, il faudra respecter ce cadre – contrairement à ce que font malheureusement nombre d’élus, au plus haut niveau de l’État.  

Je conseille également de garder à l’esprit qu’un élu n’est pas un décideur, mais un animateur et un soignant de territoire. Ne pensons pas que les habitants et habitantes sont des adversaires : pour qu’ils nous fassent confiance, nous devons leur faire confiance. 

Publication

Une expérimentation démocratique pour l’avenir énergétique

Une concertation citoyenne à grande échelle a été menée par le PETR du Briançonnais, des Écrins, du Guillestrois et du Queyras. Pour définir la stratégie énergétique de ce territoire de montagne, la collectivité a invité la population, les acteurs locaux et une équipe de scientifiques à coconstruire le projet, pas à pas.

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