Dans le Lot, Lacapelle Cabanac mène un ambitieux projet d’écoquartier
Depuis une dizaine d’années, cette toute petite commune du Lot a lancé la création d’un écoquartier, en lien avec les habitants. Le projet démontre le dynamisme d'une municipalité en transition !
« Notre village est beau, agréable à vivre, mais il lui manque des habitants », lance Thierry Simon, maire de Lacapelle Cabanac. C’est en partant de ce constat qu’en 2008, il brigue, avec une équipe derrière lui, la municipalité de ce village de 162 habitants (au dernier recensement) dans le Lot. Deux des projets phares de leur programme ? Le développement d’un écoquartier et l’installation d’un maraîcher bio. Après l’élection, le maire et ses conseillers municipaux visitent divers écoquartiers dans les alentours. « Nous avons vu beaucoup de modèles qui n’étaient pas véritablement intégrés à la vie de la commune. Cela ne nous convenait pas ; notre idée était de demander leur avis aux gens en amont, et pas une fois que le projet est ficelé ! »
Réfléchir ensemble
En parallèle, la commune lance un appel d’offres pour travailler avec un professionnel. « L’urbanisme, l’architecture… ne rentraient pas dans les compétences du conseil, il nous fallait être appuyé. Christophe Broichot, architecte et urbaniste, et Guillaume Laizé, architecte-paysagiste, nous ont accompagnés et ont suggéré de proposer des réunions publiques. » Celles-ci sont organisées à partir de 2010 : les habitants, mais aussi les personnes intéressées vivant ailleurs, peuvent donner leur avis. « De nombreux points auxquels on n’avait pas pensé sont apparus : proposer des jardins partagés et des parcelles privées plus petites, puisque quand les gens vieillissent, ils ont moins la possibilité d’entretenir leur terrain, installer un atelier et une buanderie communes… », détaille le maire, depuis réélu en 2014 et 2020. L’ambition est d’amener les gens à réfléchir ensemble, sans imposer de décisions.
L’écoquartier est situé à la lisière du village sur une ancienne prairie et propose quatorze parcelles de 450 m2 à 800 m2. Aujourd’hui, quatre sont vendues. « La démarche initiée est particulière et implique de réfléchir à son mode de vie, il est normal que les parcelles ne se vendent pas en un clin d’œil. Le village s’est construit en deux cents ans, il faut laisser du temps… », sourit le maire. Pour déposer un permis de construire, l’architecte des acheteurs potentiels doit au préalable rencontrer Christophe Broichot et Guillaume Laizé pour poursuivre la réflexion, et s’appuyer notamment sur le Cahier de préconisations architecturales, urbaines et paysagères. Celui-ci recense divers conseils sur la façon d’orienter l’habitation, le choix des matériaux, l’aménagement du jardin en continuité du paysage…
« Développer l’économie locale »
Ce projet, qui a reçu le label ÉcoQuartier en 2019, s’est aussi accompagné de l’installation d’un maraîcher et d’un paysan-boulanger, tous deux en agriculture biologique. « L’idée est de développer l’économie locale et les relations entre habitants. Pour le premier, nous avons lancé un appel d’offres pour le recrutement et avons travaillé avec Terre de liens (réseau qui achète des terres agricoles pour faciliter l’installation des paysans, ndlr), qui loue les terres au maraîcher en question. Pour le paysan-boulanger, nous avons acheté un fournil et un bâtiment agricole, que nous lui louons », poursuit Thierry Simon. Les deux vendent leur production en direct aux habitants. Aujourd’hui, 47 % de la surface agricole utile est en bio et la commune compte une quinzaine d’habitants de plus qu’il y a dix ans.
Claire Baudiffier, journaliste. Article tiré de la revue du CLER – Réseau pour la transition énergétique Notre énergie.
Engager la transition – le récit des acteurs municipaux
Notre énergie – 24 pages.
Avril 2020