« Avec la production photovoltaïque, mon approche de l’énergie a changé »
Régis Isambert vit à Rognac (Bouches-du-Rhône). En 2009, ce particulier s'est lancé dans la production d'électricité photovoltaïque d'abord destinée à la vente directe, puis à l'autoconsommation. Aujourd'hui, la capacité installée du toit de sa maison atteint 4kW. Il envisage d'installer un troisième équipement.
Qu’est-ce qui vous a amené à produire votre propre électricité ?
Avant 2009, je ne me préoccupais pas vraiment d’énergie, je me contentais de grimacer en recevant mes factures d’électricité. Cette année-là, j’ai été emporté par le boom du photovoltaïque. Comme beaucoup, j’ai été démarché par des commerciaux promettant monts et merveilles. A cette époque, les tarifs d’achat étaient très favorables : 60 centimes le kWh. Je me suis renseigné, j’ai fait plusieurs devis et j’ai opté pour une installation en vente directe à 3kW crête. En restant sous ce seuil, je profitais d’une TVA à taux réduit (10 % aujourd’hui) et de la non-imposition des 2100 euros que je facture à EDF chaque année. A l’époque, j’ai aussi bénéficié d’un crédit d’impôt (CITE) à hauteur de 8200 euros et d’une aide de la Région. Ma première installation dont le coût total s’élevait à 19 000 euros a été amortie en six ans. Aujourd’hui, elle me coûterait sans doute 8000 euros de moins, mais comme le CITE ne concerne plus ce type de projet et que les tarifs d’achat sont tombés à 24 centimes le Kwh, l’amortissement serait plus long.
« On peut faire du photovoltaïque partout, en Belgique comme à Marseille, en ville comme à la campagne, mais l’installation doit s’adapter à chaque situation. »
Permis, devis, chantier : avez-vous rencontré des difficultés ?
Aucune pour obtenir le permis de construire. Depuis le Grenelle de l’environnement, les maires ne peuvent plus vraiment s’opposer à de tels projets. La principale contrainte était ailleurs : la réglementation française conditionne les tarifs d’achat à l’intégration de l’installation au bâti. En clair, le panneau photovoltaïque doit remplacer la toiture, ce qui implique d’y faire un trou. Ce sont des travaux conséquents. Dans mon cas, j’avais un toit en éverite, j’ai donc enlevé un maximum de tuiles pour faire de la place aux modules. Le deuxième défi, c’était les arbres. La présence d’ombres sur le toit nous a poussés à redimensionner le projet en optant pour des modules plus petits, pour une surface totale de 18m2 au lieu de 22m2, mais plus puissants. On imagine que, dans le Sud, les conditions sont idéales. C’est plus subtil. On peut faire du photovoltaïque partout, en Belgique comme à Marseille, en ville comme à la campagne, mais l’installation doit s’adapter à chaque situation.
En 2013, vous vous êtes lancés dans l’auto-consommation. Ce projet était-il très différent du premier ?
Oui, sur le principe comme sur la réalisation. Le principe est simple : je produis ce que je consomme. En cas d’excédants, un appareil déleste la surproduction sur mon chauffe-eau, le reste part gratuitement dans le réseau. Dans mon cas, il n’y a pas de stockage. On raisonne donc comme avec les heures creuses mais de manière inversée : on débranche nos appareils pendant les périodes sans lumière, on les enclenche les uns après les autres entre 10 heures et 16 heures pour lisser la consommation et profiter un maximum de notre production.
« Mon approche de l’énergie a changé : j’ai amélioré l’isolation de la maison, installé des LED, réduit l’usage de la climatisation, lancé la chasse au gaspillage… »
Et la réalisation ?
Elle est très simple. Les panneaux peuvent être installés en surimposition, c’est-à-dire sans qu’il y ait besoin de toucher au toit. En optant pour du matériel fiable, homologué et prêt à être raccordé, il ne vous reste qu’à le fixer à la toiture puis à brancher. Vous commencez avec un premier module et si ça fonctionne, vous en ajoutez un second. Le dernier m’a couté 2000 euros pour 1kW. Le tout sans frais de raccordement. J’envisage d’en installer un troisième.
Connaissez-vous votre ratio consommation/production ?
Pas encore, les compteurs ne sont pas opérationnels. Seul indice : sur mes factures, la consommation est passée de 1200 kWh à 700 kWh par an, et l’énergie revendue à EDF n’apparaît pas. Il faut cependant prendre ce chiffre avec précaution : entre temps, j’ai optimisé ma maison, amélioré son isolation, installé des LED, réduit l’usage de la climatisation, lancé la chasse au gaspillage… Avec la production photovoltaïque, mon approche de l’énergie a changé, je suis passé chez Enercoop et je me suis impliqué dans le GPPEP, le groupement des particuliers producteurs d’électricité photovoltaïque.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui se lance ?
Se renseigner, consulter les forums spécialisés comme celui de l’association BDPV, la base de données de suivi de production de sites photovoltaïques, ne pas céder au démarchage, ne pas se contenter d’un seul devis, choisir un installateur basé à proximité qui va monter sur votre toit. Les arnaques existent toujours. Au GPPEP, nous recevons chaque jour une quinzaine de dossiers de litiges. Mais nous sommes mieux armés, entourés d’avocats qui maîtrisent le sujet. Quand les personnes se réveillent assez tôt, nous pouvons les protéger.
Propos recueillis par Amélie Mougey, journaliste.
Cette interview est extraite du CLER Infos n°112 (Septembre 2016)
Chaque jour, ils éteint sa lumière, baisse son radiateur, délaisse sa voiture ou paie sa facture énergétique. Qui ? Le « consommateur ». Lui, c’est nous, nous tous qui dépensons ou économisons l’énergie au quotidien. Cadre technique et financements adaptés, informations et prestations de qualité… pour nous permettre d’agir en « consomm’acteurs » avertis, de quoi avons-nous besoin ? Un dossier à retrouver dans le CLER Infos n°112.
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