« Afterres 2050 » : lier transition énergétique et biodiversité
Le scénario « Afterres 2050 – Biodiversité » de l’association Solagro complète et enrichit le scénario négaWatt. À l’occasion de l’Université Afterres qui se tiendra le 21 et 22 novembre, nous faisons le point avec Caroline Gibert, responsable agroécologie et biodiversité à Solagro, co-autrice du rapport, sur les 12 actions concrètes formulées pour préserver la nature et le vivant.
A travers ce travail prospectif, quelle vision de la transition énergétique défend Solagro ?
Caroline Gibert : Vouloir résoudre les problèmes de conservation de la nature sans aborder la question de la transition énergétique, sans transformer nos modes de productions agricoles ni adapter nos régimes alimentaires, n’est qu’une illusion. « Afterres 2050 – Biodiversité » complète et enrichit le scénario négaWatt , qui vise une sortie des énergies fossiles à l’horizon 2050.
Nous avons des clés pour agir. Agissons ! Sans jamais oublier l’absolue nécessité de remettre en cause nos consommations pour accorder une place prépondérante à la sobriété.
Quels leviers d’action sont mis en lumière dans le scénario « Afterres 2050 – Biodiversité » ?
C.G. : Défendre, maintenir et restaurer la biodiversité est une priorité au même titre que le réchauffement climatique ou la raréfaction des ressources. Il y dans ce travail la volonté de montrer qu’il est possible de produire en intégrant davantage la biodiversité. Le rapport met en lumière douze actions qui répondent à huit grands objectifs : généraliser l’agroécologie, désintensifier et réduire l’élevage, maintenir et restaurer les habitats naturels, mettre fin à la surexploitation des ressources marines, mieux protéger et mieux exploiter les forêts…
Quels usages des terres agricoles sont prévus par le scénario pour la production d’énergies renouvelables ?
Nous misons sur la multifonctionnalité de l’agriculture et les co-activités agricoles. Une même parcelle agricole peut à la fois cultiver des denrées alimentaires et produire des cultures énergétiques pour la méthanisation agricole, développer une filière biomasse bocagère gérée durablement issue de nos forêts, mais également des infrastructures agroécologiques de type haies ou agroforesterie intra-parcellaire, pour produire des énergies renouvelables.
Le scénario prévoit de réduire l’artificialisation des terres en la limitant à 300 000 hectares d’ici 2050, avec près de 100 000 hectares consacrés aux besoins de transition énergétique en systématisant les co-activités agricoles.
L’un des huit objectifs de « Afterres 2050 – Biodiversité » est de mieux protéger et exploiter les forêts. De quoi s’agit-il ?
L’ambition est d’augmenter les surfaces forestières de 3 millions d’hectares d’ici à 2050, grâce à la déprise agricole. Le scénario Afterres 2050 considère en effet que la priorité est de laisser le carbone fossile (pétrole, charbon, gaz) dans le sous-sol. Il convient donc, au-delà des économies d’énergie, de poursuivre la substitution de bois énergie ou biogaz aux énergies fossiles, tant qu’il reste des énergies fossiles à substituer.