Accompagner le déploiement des communautés énergétiques

Catherine Guimard, coordinatrice des démarches territoriales à l’ADEME Centre-Val de Loire.

« Faire naître des communautés énergétiques locales : c’est ce que nous faisons à travers le projet LETsGO4Climate, lancé en 2021. Ce sont des groupes d’habitants, acteurs locaux et élus désireux de s’impliquer, sur leur territoire, dans des projets de transition énergétique (soit sur les énergies renouvelables soit sur la sobriété).

Notre logique est de placer les citoyens au cœur du projet, de susciter leur appropriation des enjeux. Nous offrons le cadre méthodologique et les animateurs compétents pour laisser place à la créativité. C’est une posture totalement nouvelle pour beaucoup d’élus. Le projet, initié par la Région, s’est appuyé sur un partenariat avec l’ADEME et Energie partagée. Pour candidater au programme LIFE de la Commission européenne, nous avons rassemblé Enedis, GRDF et REScoop.eu et impliqué six premières collectivités, rejointes chaque année par un nouveau lot de territoires de tous statuts et tailles. Le budget alloué est de 4,5 M € jusqu’en 2025.

Chaque territoire sélectionné bénéficie d’une palette d’actions et d’outils. Le premier semestre est consacré aux formations (transition, intelligence collective), diagnostic territorial, recrutement des citoyens. Le second aux ateliers : les idées fusent, les collectifs se forment… Aujourd’hui, 55 sont à pied d’œuvre : installation de centrales photovoltaïques, opérations de sensibilisation des commerçants à la pollution lumineuse illégale, repair cafés… Le cadre européen facilite le travail des chargé.es de mission : ils sont confortés dans leur travail car le programme engage les élus, apporte un fort soutien en ingénierie et impose un process précis et un timing à suivre ! »

Agir contre la précarité énergétique

Marie Moisan, coordinatrice du programme Slime au CLER

« Quand je suis arrivée au CLER – Réseau pour la transition énergétique en 2009, une de mes missions était d’impulser un projet européen sur la précarité énergétique. Tout a commencé par ACHIEVE : un programme soutenu par la Commission européenne pour transposer, auprès de sept partenaires de cinq pays, une action allemande. Son principe : repérer des ménages en situation de précarité, réaliser des visites à domicile pour leur apporter des conseils et petits équipements aidant à réduire la consommation d’énergie, puis les accompagner vers des solutions adaptées. Les résultats ont été positifs et, en 2013, nous avons souhaité déployer ce dispositif au niveau national. Nous avons ciblé les collectivités, que nous avions du mal à mobiliser. Le Slime, ce projet nouvelle version, a été retenu par le ministère de l’Écologie dans le cadre d’un appel à programmes éligibles aux certificats d’économies d’énergie. Dix ans plus tard, le Slime existe toujours, a été renouvelé plusieurs fois, et progressivement affiné.. Plus de 85 000 ménages français ont déjà été accompagnés. 

Outre l’énorme force de frappe que constituent les financements européens – sans lesquels nous n’aurions pu lancer un tel projet –, l’échelle européenne a été un terrain de réflexion précieux. Avec ACHIEVE, nous avons construit une communauté apprenante et un collectif riche d’émulations et de ses différents points de vue. Par exemple, en France, nous pensons surtout « travaux » lorsque nous visons des économies d’énergie. Alors que l’approche allemande intègre un accompagnement social et budgétaire très fort, et efficace. Cela nous a aidés à sortir des sentiers battus. »

Améliorer l’efficacité énergétique des appareils

Marco Grippa, responsable du programme décarbonation des systèmes de chauffage à Ecos :

« L’ONG Ecos (Environmental Coalition on Standards), à Bruxelles, fait de la sensibilisation environnementale auprès des institutions européennes afin d’influer sur la réglementation en matière d’économies d’énergie et de réduction des émissions de CO2. En 2008, nous avons lancé la campagne CoolProducts for a cool planet » avec le Bureau européen de l’environnement (EEB) et la participation du CLER – Réseau pour la transition énergétique pour la France. L’objectif est d’améliorer l’efficacité énergétique des appareils domestiques électriques et électroniques, via l’écoconception et les étiquettes énergie. 

Pour cela, nous menons des actions de communication grand public, média ou à l’intention des parties prenantes européennes : webinaires, campagnes…  Lors de chaque révision des normes d’étiquetage par la Commission européenne, tous les cinq ou six ans, nous faisons du buzz et diffusons toutes les données dont nous disposons (les référentiels et nos rapports) sur chacun des produits. Grâce à notre expertise, nous sommes, avec EEB, la seule voix environnementale à pouvoir participer aux réunions techniques à huis-clos de la Commission et donner notre avis. Certes, il est compliqué d’échanger avec toutes les parties prenantes sur ces sujets très techniques – surtout lorsque les points de vue divergent. Mais nous nous sentons utiles : nous avons toujours pu, d’une manière ou d’une autre, peser sur les décisions. Il est essentiel que nous poursuivions ce travail car sans nous, ce serait vraiment pire et que nous obtenons parfois des résultats probants. »