Se chauffer local et à bas coût grâce au bois
À Condom-d’Aubrac, en Occitanie, la commune a mis en place un système d’affouage particulier pour relancer cette pratique, et rendre le bois accessible au plus grand nombre.
C’est un petit village entouré de cours d’eau. Les boraldes, comme on les nomme ici, prennent leur source au pied des sommets de l’Aubrac, puis dévalent les pentes du massif pour se jeter dans le Lot. Condom-d’Aubrac, situé au cœur du parc naturel régional de l’Aubrac (Occitanie), compte 310 habitants sur 4 600 hectares, dont beaucoup de forêts. Une partie – 800 hectares – appartient à la commune.
« Nous sommes une des seules communes de l’Aubrac à avoir autant de forêts, précise Geneviève Gasq-Barès, maire depuis cinq mandats. En 1276, les habitants ont passé une convention avec l’abbaye d’Aubrac pour pouvoir y aller chercher du bois. L’affouage leur permettait de valoriser des coupes d’éclaircie en bois de chauffage. À la fin du XVIIIe siècle, un peu après la Révolution, les biens de l’Église sont mis en vente et la forêt devient propriété collective. » Jusqu’à il y a une trentaine d’années, cette pratique a perduré en lien avec l’ONF. L’office marquait les arbres, les gens s’inscrivaient et allaient les couper. « La commune a ensuite géré cela. Des agriculteurs descendaient le bois pour certaines personnes qui ne pouvaient pas participer à la coupe ou ne disposaient pas des engins nécessaires à son transport par exemple », raconte la maire. Mais peu à peu, la pratique s’est raréfiée, à mesure que la population a vieilli. Les habitants sont moins habitués et les terrains sont difficiles d’accès… Condom-d’Aubrac a un dénivelé de 1000 mètres : son point haut culmine à 1 440 mètres et son point bas à 500 mètres.
Limiter la dépendance aux énergies fossiles
La municipalité décide donc de tester, il y a 8 ans, en lien avec l’association Solagro notamment, une nouvelle pratique d’affouage pour faciliter l’accès au bois à tous. « C’est désormais un professionnel qui s’occupe de la coupe et de la livraison aux affouagistes du village qui se sont préalablement inscrits », indique Geneviève Gasq-Barès. Ils peuvent choisir entre un paiement pour la seule livraison du bois et un paiement plus élevé s’ils souhaitent que le forestier débite le bois en bûches. 25 affouagistes environ en profitent chaque année – autour de 15 stères par foyer. Parmi eux, les locataires des logements que loue la commune à l’année. « Cela leur permet de chauffer la totalité des maisons sans faire appel à un autre moyen de chauffage. Certains agriculteurs, qui étaient passés au fuel ou au gaz, peuvent aussi de nouveau, au moins en partie, se chauffer au bois. » Cette pratique permet par ailleurs de maintenir un lien entre les habitants et les forêts et de les sensibiliser aux bonnes pratiques de chauffage.
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