La biomasse, un potentiel à mobiliser pour Solagro

L’association Solagro a fêté ses 40 ans en 2022. Bien plus qu’un bureau d’études opérationnel, c’est aussi une association militante qui défend une transition agroécologique. Entretien avec Florin Malafosse, responsable stratégies territoriales à Solagro et administrateur du CLER - Réseau pour la transition énergétique.

Quels sont aujourd’hui, après 40 ans d’actions, les prochains défis de Solagro ?

Florin Malafosse : Les filières pour lesquelles l’association Solagro a été pionnière commencent à se développer massivement. C’est le cas  de la méthanisation. Depuis 40 ans, nous défendons une  forte complémentarité entre production d’énergie et agriculture. Nous avons réussi à emmener un certain nombre de territoires pilotes vers des dynamiques fortes. Le principal enjeu aujourd’hui est de passer de quelques territoires engagés à une généralisation sur tout le territoire. Nous devons donc à la fois donner envie et lutter contre les a priori et les idées reçues qui freinent les dynamiques de transition.

Un énorme travail est à prévoir sur l’adaptation au changement climatique ainsi que sur la neutralité carbone. Beaucoup de recherches sont en cours, notamment sur les stratégies à adopter en forêt.

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Quelle vision de la transition énergétique défend Solagro ?

F.M : Nous pensons qu’il est possible, par un ensemble de mesures cohérentes, de dessiner un chemin pertinent de transition vers un nouveau modèle de société soutenable. Nous participons aux exercices prospectifs en partenariat avec l’Institut Négawatt via le scénario Afterres, au sujet de la biomasse et des sols.

En plus de développer toutes les énergies renouvelables, nous devons réduire nos consommations pour tendre vers une société plus sobre. Par exemple, réduire notre consommation de viande est un facteur déterminant pour y parvenir et modifiera alors fortement le paysage agricole français. En effet, 80% des surfaces agricoles sont dédiées à l’élevage.  À l’avenir, le paysage agricole évoluera vers un modèle moins productif par hectare, avec plus d’agriculture biologique, plus d’arbres et de haies…

Que pensez-vous de la loi d’accélération des énergies renouvelables qui vient d’être adoptée ?

F.M : Nous avons suivi le débat sur le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables mais la biomasse en est complètement absente. Pourtant, les territoires se posent de plus en plus de questions sur leurs forêts. 

Depuis l’été 2018, les impacts du changement climatique se matérialisent dans le paysage. Cet hiver, il y avait des tensions sur l’approvisionnement en bois. Alors que le bois énergie représente en 2020 un tiers de l’énergie renouvelable en France, il reste en dehors des radars. Or, c’est un excellent substitut au gaz et au pétrole pour la chaleur. 

Pour réaliser cette transition dans de bonnes conditions environnementales, il faut des investissements et une vision claire. La forêt a un rôle majeur à jouer en tant que puits de carbone. Il faut se donner les moyens de gérer durablement et trouver des solutions aux difficultés de recrutement dans la filière bois.