Lier transition énergétique et lutte contre la précarité avec le programme Slime

À l’occasion de la Journée contre la précarité énergétique et des 10 ans du programme Slime, Laure Curvale, vice-présidente du département de la Gironde chargée de la transition écologique et du Patrimoine, porte la voix des collectivités engagées dans la transition énergétique et la lutte contre la précarité.

Le département de la Gironde a été l’un des premiers à rejoindre le programme Slime. Pourquoi cet engagement ?

L’engagement du département de la Gironde dans le programme Slime s’explique par une volonté politique : le souhait de lier la transition énergétique à la lutte contre la précarité, qui est au cœur des compétences des départements.

Ce dispositif nous semble d’autant plus pertinent qu’il met l’accent sur la prévention, en complément du Fonds de solidarité Logement. Mais aussi parce qu’il s’intéresse aux habitants et pas seulement aux logements, en proposant un réel accompagnement des personnes en situation de précarité énergétique.

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Quelle forme prend la précarité énergétique sur votre département ?

En Gironde, la précarité énergétique concerne un ménage sur dix : 78% sont locataires du parc privé, 17% du parc public et 15% sont des propriétaires occupants. Les locataires subissent cette situation et ne peuvent pas directement engager les travaux nécessaires. Nous pouvons malgré tout les aider à réduire leurs dépenses énergétiques et jouons un rôle de médiation avec les propriétaires bailleurs pour les inciter à lancer des travaux de rénovation énergétique.

Les populations en situation de précarité énergétique cumulent bien souvent les difficultés. Ce phénomène peut générer ou aggraver des pathologies, comme des maladies respiratoires, des allergies…

Six ans après le lancement du dispositif Slime, quel bilan tirez-vous ?

Le dispositif Slime permet d’être à l’écoute et d’accompagner les ménages au moins un an, avec deux visites au minimum. Nous avons également mis en place des visites santé.

Depuis 2017, nous avons accompagné 4 378 ménages. Parmi eux, 45% des ménages que nous avons suivis sont sortis de la précarité énergétique. Pour l’estimer, nous nous basons sur quatre critères : la part des revenus des ménages consacrée aux dépenses énergétiques, la réduction des consommations, l’amélioration du confort et le non-recours au FSL ou la baisse des aides demandées.

Quels sont les freins qui persistent ?

C’est très difficile de sortir les personnes de la précarité énergétique, notamment parce qu’on bute sur un cadre réglementaire qui n’est pas assez coercitif pour forcer les propriétaires bailleurs à s’engager dans une rénovation énergétique. Celui-ci a évolué, avec notamment l’interdiction de location des passoires énergétiques, mais c’est récent et peu suivi. Près de 80% des logements que nous suivons ne disposent même pas de diagnostic de performance énergétique. A notre échelle, nous aimerions créer un fonds d’aide aux travaux pour les propriétaires bailleurs.