« Tirer les enseignements des premiers parcs offshore pour développer plus rapidement la filière »

A l'occasion du Débat public sur la Programmation pluri-annuelle de l'énergie (PPE), le CLER - Réseau pour la transition énergétique appelle le gouvernement à entendre et soutenir les acteurs locaux - collectivités, associations, entreprises mais aussi citoyens - qui font la transition énergétique dans les territoires. Le point de vue de Vincent Balès, directeur général de WPD Offshore France.

« En 2018, aucune éolienne en mer n’est installée au large des côtes françaises. L’enjeu aujourd’hui est donc de démarrer les premiers projets pour ensuite accélérer le rythme de développement de la filière. A Fécamp en Seine-Maritime, nous sommes lauréats de l’appel d’offres depuis 2012 et la construction du parc devrait débuter en 2019. Ces délais ne sont pas aberrant pour des premiers projets : une nouvelle énergie implique de nouvelles procédures, des aménagements portuaires à effectuer, une filière à structurer. En Allemagne, la toute première installation d’éoliennes en mer a mis dix ans à émerger. Mais durant les cinq années suivantes, le nombre de projets s’est très vite multiplié et leur mise en œuvre accélérée. En France, il faut préparer dès maintenant l’avenir et tirer les enseignements de nos premières expériences.

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20 GW pour 2030

Aujourd’hui, nous devons d’ores et déjà projeté de nouveaux projets en planifiant de futurs appels d’offre et en identifiant de nouvelles zones maritimes. Le gisement français est énorme : 260 GW sont propices à l’éolien en mer. Dans le débat actuel sur la Programmation pluri-annuelle de l’énergie, notre profession défend le développement d’une capacité de 20 GW pour 2030 ce qui donnerait l’ambition nécessaire à cette filière pour accélérer son développement.

Mais il y a plusieurs freins à lever pour cela, certains sont en train d’être levés. Par exemple, lors du premier appel d’offres français, les candidats n’avaient aucun élément d’informations environnementales ou techniques sur les zones maritimes concernées. Cela a mis les projets à risque, a créé des surcoûts et engendré des délais supplémentaires. A l’occasion du troisième appel d’offres (en cours actuellement à Dunkerque), l’Etat mène des études qui sont mises à disposition des candidats afin qu’ils soient en mesure d’apporter la meilleure réponse en fonction du contexte et ensuite mettre en œuvre plus rapidement leurs projets.

« L’acceptation et la concertation avec les acteurs locaux est au cœur de notre développement »

Il faut aussi donner aux lauréats la possibilité de faire évoluer leurs choix technologiques au cours du développement du projet. La technologie et en particulier la puissance des éoliennes évolue fortement et il est nécessaire de prendre en compte l’évolution du marché et des technologies en accordant un permis plus flexible, car en l’état actuel de la réglementation, un modificatif de permis conduit à quatre années de délais supplémentaires.

Adhésion des acteurs locaux

Enfin, l’opposition systématique des associations nationales anti-éolien à tous les projets d’éolien offshore représente un frein important au développement de la filière. Tandis que pour WPD, l’acceptation et la concertation avec les acteurs locaux est au cœur de notre développement. Il nous apparaît essentiel de conduire un travail de pédagogie pour expliquer l’éolien en mer et ses enjeux, ainsi que d’ écouter les contraintes de nos interlocuteurs, et au final co-construire les projets. C’est déterminant pour obtenir l’adhésion des communes, des associations environnementales, des comités de pêche… A Fécamp, tous les acteurs de terrain sont aujourd’hui favorables au projet. Mais Vent de colère dépose par principe un recours en opposition qui ralentit l’ensemble du processus. Ce recours devrait finalement être purgé à la fin de l’année. »

Publication

Cet article est extrait du CLER Infos n°118

Partout en France, les acteurs de terrain racontent leurs difficultés à réaliser concrètement des projets d’énergie renouvelable. Montages financiers, réseaux électriques, dynamique partenariale… pour les aider, de nombreuses barrières doivent être baissées. Un cadre réglementaire qui encourage (et non qui freine) cette multitude de petits projets doit être bâti pour permettre aux collectivités, associations ou entreprises, de passer de l’envie à la réalité, de la parole aux actes. Et dans un même élan, accélérer la transition énergétique en France, dans tous les territoires. Un dossier à retrouver dans le CLER Infos n°118.

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