Solagro : la rencontre des transitions agricole et énergétique
A quelques semaines des Rencontres du réseau Cler, organisées en partenariat avec Solagro, ECLR et Énergie Partagée, les 17 et 18 juin à Toulouse, rencontre avec Christian Couturier, directeur de Solagro, qui œuvre pour la convergence des transitions agricole et énergétique.
Au programme des Rencontres 2025, il y aura des ateliers, des visites, une plénière, des temps d’échanges, une soirée festive, ainsi que l’assemblée générale du réseau Cler ! Quelle visite nous avez-vous concoctée ?
C.C. : Nous proposerons aux participants de découvrir une unité de méthanisation de taille moyenne, à environ une heure de Toulouse. C’est une installation que nous avons accompagnée, un projet familial sur 2 exploitations agricoles, vertueux au niveau agronomique grâce à l’utilisation d’intrants issus de couverts intermédiaires, des cultures implantées entre deux cultures principales. Après la moisson, on peut repasser un coup de charrue pour enfouir les chaumes des céréales, plus tard, on sème, ce qui permet d’éviter l’érosion des sols. Cette pratique ne concurrence pas l’alimentation et permet d’avoir de la végétation pendant pratiquement 12 mois de l’année, ainsi qu’un revenu complémentaire pour les agriculteurs.
Pourquoi est-il nécessaire de concilier transition énergétique et transition agricole ?
C.C : Depuis sa création dans les années 80, Solagro travaille sur les énergies renouvelables, et a ensuite étendu ses domaines d’intervention à l’ensemble du système alimentaire, et à tous les espaces qui produisent de la biomasse, comme la forêt. On s’intéresse aux conditions de production de la biomasse, et à ses impacts sur l’environnement, le climat mais aussi la biodiversité. On traite autant des usages alimentaires que des usages non alimentaires. Quasiment tous les scénarios de transition énergétique indiquent qu’il faut produire des bioénergies agricoles pour boucler l’équation énergétique et climatique. Heureusement, il y a globalement une appétence du monde agricole pour la production d’énergies renouvelables, avec tous les enjeux liés au partage de la valeur et au rôle des agriculteurs dans ces chaînes de valeur.
Comment envisagez-vous les tensions entre agriculture et énergie ?
C.C : Les points de divergence ne concernent pas tellement la production d’énergie, mais plutôt les questions liées au climat. Par exemple, la place de l’élevage des ruminants dans le modèle agricole est liée à énormément de dimensions, qu’on ne peut traiter séparément. Simplement dire qu’il faut réduire le nombre de vaches est une ligne rouge pour le monde agricole, qui craint d’être dépossédé de ses ressources. Comment assurer un revenu décent aux agriculteurs ? Dans notre scénario de prospective Afterres, nous intégrons les différents enjeux, la biodiversité, le climat, la production d’énergie mais aussi la sécurité alimentaire.
Quand on travaille avec les acteurs de terrain sur les projets, on parvient à des solutions tout-à-fait correctes et acceptables. Il existe toutefois un fort décalage entre la perception médiatique qu’on peut parfois avoir des enjeux, et les réalités vécues. Nous déplorons un manque de soutien de la part de certains acteurs associatifs. Voici pourquoi les travaux menés par les têtes de réseau sont importants : le travail de concertation mené par le Réseau Action Climat au sujet de la méthanisation, ou ceux du réseau Cler sur les questions de la biodiversité, du patrimoine et de l’insertion paysagère des installations.
«On joue tous dans la même équipe ! Le secteur agricole doit produire des énergies renouvelables, sans quoi notre société ne pourra se passer du pétrole. »
Christian CouturierDirecteur de Solagro