© Jerome Sevrette / Andia

Depuis 2016 Christine Colombel habite un appartement en duplex de 100 m2 qui occupe la partie centrale d’une grande longère en pierres dorées, nichée aux abords d’une petite commune paisible du Morbihan. « L’été c’est très agréable d’habiter ici, l’espace est vaste et le jardin me plaît beaucoup », indique d’emblée cette employée de la restauration de 59 ans. Mais l’hiver est une autre histoire. « La maison est tellement mal isolée qu’il y a des courants d’air partout, je sens le froid qui passe sous les plinthes. J’ai dû renoncer à utiliser les convecteurs électriques. Pour atteindre une température acceptable il faut que je les pousse au maximum et j’ai peur des factures que je pourrais recevoir sachant que j’ai de petits revenus et une situation professionnelle très fragile depuis la crise sanitaire. Du coup j’utilise uniquement la cheminée de la grande pièce du bas par temps froid, mais elle est largement fissurée et dépourvue de trappe. Je sais que c’est dangereux alors je ne m’autorise qu’une flambée par jour. Mes enfants refusent désormais de m’envoyer leurs petits en hiver de peur qu’ils tombent malades.

Mais d’ici quelques mois la situation devrait s’arranger, grâce à la ténacité de Christine Colombel et à l’Adil 56 qui l’accompagne avec le dispositif Slime porté par le département du Morbihan.  « Madame Colombel a contacté l’ADIL suite à une augmentation de loyer imprévue, justifiée par sa propriétaire par la réfection du toit. Lors de sa rencontre avec la juriste, elle a mentionné ses conditions de vie et notre collègue nous a transféré son dossier », se souvient Bénédicte Garçon, responsable de Morbihan Solidarité Energie (MSE), le bras armé de l’ADIL56 pour la lutte contre la précarité énergétique.

Du diagnostic à la mise en place d’actions concrètes

Quelques semaines plus tard, une chargée de visite Soliha mandatée par MSE se rend chez Madame Colombel pour une visite approfondie. Dans le Morbihan 400 à 500 visites à domicile sont ainsi organisées chaque année dans le cadre du dispositif Slime. Une moitié d’entre elles concernent des locataires du parc privé, les autres se répartissent à part égales entre locataires HLM et propriétaires occupants.

« La première partie de la visite consiste à dresser le constat des dysfonctionnements au niveau du bâti, des équipements et des usages, explique Bénédicte Garçon. Les chargés de visite analysent dans ce cadre les factures d’énergie et les rapportent au niveau de confort constaté dans l’habitat afin de prendre la mesure réelle d’une éventuelle surconsommation. La visite donne aussi lieu à l’installation de petits équipements pour un gain de confort ou de premières économies d’énergie. Mais l’objectif principal est d’élaborer des préconisations techniques ou comportementales pour améliorer la situation, en orientant au besoin le ménage vers des aides financières ou un accompagnement personnalisé. » 

Un accompagnement pour lever les blocages

Chez Madame Colombel, l’état des lieux confirme les dires de l’occupante, soulignant en sus une électricité non conforme, un convecteur hors d’âge, une porte qui ne ferme pas l’été, un défaut d’étanchéité sur une fenêtre et une extraction de VMC qui se déverse dans les combles et endommage l’isolation. Dans les jours qui suivent Bénédicte Garçon adresse le rapport de visite à la locataire et sa propriétaire, accompagné de recommandations sur les travaux obligatoires, portant notamment sur la sécurisation de l’installation électrique et de la cheminée. « Depuis, je suis régulièrement en contact avec MSE qui suit mon dossier de très près. Quand je leur ai dit que la propriétaire n’avait semble-t-il engagé aucune démarche dans la perspective de travaux, ils ont à nouveau pris contact avec elle pour débloquer la situation. »

« Dans ces missions de médiation, nous nous efforçons avant tout de faciliter le passage à l’acte pour que la situation locative progresse de manière constructive, indique Bénédicte Garçon. Pour ce faire, nous nous appuyons sur plusieurs outils et en particulier sur des fonds financés par le Département et la Fondation Abbé Pierre. Ils prennent en charge une partie du coût des travaux et équipements en complément des dispositifs publics. » Et dans ce cas précis, l’issue a été positive : les travaux sur l’installation électrique ont pu être menés à bien et des entreprises sont venues faire des devis pour l’isolation des combles et l’installation d’un poêle à bois dans le foyer de la cheminée qui sera elle-même gainée. « Si tout se passe comme la propriétaire me l’a annoncé je devrais passer l’hiver prochain dans une maison bien plus confortable », annonce Madame Colombel en conclusion.