Rénovation performante : les clés de la réussite
Que le chantier de rénovation énergétique soit mené en une ou plusieurs étapes, les experts démontrent la nécessité d’une vision globale du projet et la coordination sans faille des différents postes de travaux. Explications.
En France, en 2016 et 2017, 75 % des travaux de rénovation n’ont pas permis de changer la classe énergétique des maisons individuelles (1). Alors si l’on veut atteindre les objectifs de la Stratégie nationale bas carbone et rénover efficacement 700 000 logements par an à partir de 2030, il faut améliorer la qualité des travaux et leur cadence !
Définir la performance
Mais qu’est-ce qu’une rénovation performante ? Depuis 2009, un label BBC Rénovation est attribué aux maisons rénovées, construites après 1948, dont la consommation moyenne annuelle en énergie primaire ne dépasse pas 80 kWh/m².an. Seules 6,6 % des résidences principales françaises – soit environ 1,9 million de logements – obtenaient en 2018 ce niveau de performance, correspondant aux étiquettes A et B du DPE. Cet objectif quantitatif s’accompagne d’objectifs plus qualitatifs . Selon l’ADEME, grâce à des bonnes pratiques en matière de migration d’humidité et de vapeur d’eau, une rénovation performante doit protéger la santé des occupants, en préservant le bâti de toute pathologie – éviter les phénomènes de condensation à l’origine de développement de moisissures par exemple – et assurer un confort thermique et acoustique en été comme en hiver.
Une vision globale essentielle
Comment obtenir ce niveau de performance énergétique ? Tout dépend du parcours de rénovation emprunté. On en distingue deux : soit plusieurs opérations de travaux successifs (« rénovation par étapes ») soit une seule opération de travaux (« rénovation complète »). « Pour nous, la performance maximale est garantie par une approche globale de la rénovation du logement et une seule étape de travaux ”, estime Camille Julien, responsable d’études chez Dorémi. « Car il est très important de prendre soin des interfaces entre les six postes incontournables que sont l’isolation des murs, de la toiture et du plancher bas ; le remplacement des menuiseries extérieures ; les systèmes de ventilation et la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire – des actions de travaux qu’il faut mener de façon coordonnée », poursuit l’ingénieure. L’enjeu : assurer la continuité de l’isolation et de l’étanchéité de l’air et maximiser les interactions entre ces différents postes.
Trois étapes maximum
Constatant sur le terrain que la rénovation complète n’était pas toujours possible – en raison de freins financiers et psychologiques – les experts de Dorémi et d’Enertech ont cherché à déterminer les conditions de réussite d’un chantier en plusieurs étapes, à l’occasion d’une étude parue en janvier 2021 et commanditée par l’ADEME. « Une rénovation par étapes et performante à terme est envisageable. Néanmoins, c’est un projet plus complexe avec un risque élevé pour les propriétaires de se décourager en cours de route et de ne pas aller au bout de la rénovation », met en garde Camille Julien. Grâce à un travail d’enquête réalisée sur le terrain, l’étude propose une matrice qui permet aux artisans comme aux particuliers d’envisager leur rénovation performante par étapes. Elle plafonne à trois le nombre d’étapes maximum, et propose de regrouper 4 à 5 postes de travaux dans une première étape. « Cette matrice distingue les travaux qui peuvent être reportés sans risque ou au contraire, ceux qui doivent être traités en priorité et simultanément, en fonction de la configuration de la maison et de la technique de rénovation choisie », précise Camille Julien.
Un accompagnement préalable
Car changer une fenêtre ou isoler des combles ne suffit pas. Pire, cela peut engendrer des risques importants de ponts thermiques (rupture de l’isolation), si le mur ne fait pas lui-même l’objet d’une isolation… Si certains artisans proposent des lots de travaux (isolation des murs et menuiseries, par exemple), ce n’est pas encore une pratique répandue. « Nous souhaitons consolider cette première analyse, en envisageant le plus de combinaisons de travaux possibles et leurs interactions, pour éclairer les décisions des artisans ou des occupants, en leur proposant des regroupements judicieux et en excluant certaines dissociations ». Ainsi, pour réussir un chantier de rénovation, « il faut réfléchir au projet autrement et abandonner l’idée de faire ‘petits bouts par petits bouts’. Des accompagnateurs, comme les conseillers du réseau FAIRE, sont là pour aider les ménages. Dorémi forme les artisans. Tous ces acteurs doivent connaître l’approche globale de la rénovation ! Sans cela, pas de performance », conclut Camille Julien.
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