Édito

« Chaque été, les épisodes de chaleur extrême se ­multiplient et s’intensifient dans nos villes. Ces phénomènes impactent le quotidien de tous et toutes, et particulièrement celui des personnes en situation de précarité énergétique qui sont les plus durement exposées : en France, 1,2 million de personnes pauvres vivent dans des zones très exposées à la chaleur.  

L’habitabilité d’été, soit la capacité d’un bâtiment à offrir un niveau de confort thermique acceptable lors d’épisodes de forte chaleur, n’est pas une question secondaire, c’est une question de justice sociale et de santé.  

Il est urgent que les politiques publiques prennent pleinement en compte cet enjeu dans les plans de rénovation, d’urbanisme et de solidarité. La lutte contre la précarité passe aussi par un habitat sain, sobre et résilient en été comme en hiver. Il est donc crucial de renforcer l’information, l’accompagnement et les aides financières actuelles afin de soutenir les ménages dans des projets de rénovations énergétiques performantes et d’adaptation des logements. » 

Repenser les usages pour des étés sans surchauffe

Selon tous les scénarios envisagés, les vagues de chaleur extrême prolongées devraient augmenter considérablement dans toute l’Europe, en particulier dans les régions méridionales. Les vagues de chaleur ne sont pas une surprise, la science nous met en garde depuis des années : les records d’hier sont la norme d’aujourd’hui, et la France pourrait connaître jusqu’à 100 nuits tropicales par an d’ici 2050. 

Adapter nos bâtiments devient un enjeu central car ils peuvent être des leviers pour amortir le climat et répondre à ces défis. Pourtant, nos politiques de logements et de rénovation restent inadaptées. Valérie Masson-Delmotte, climatologue et membre du Haut Conseil pour le Climat et Christine Leconte, architecte de l’école d’architecture de Paris-Belleville partagent des pistes d’amélioration. 

Logements bouilloires : petits gestes et grands travaux

Plus d’un ménage sur trois vit dans un habitat inadapté aux températures estivales, conçu pour le froid mais incapable de protéger de la chaleur, et ce sont les plus précaires qui en souffrent le plus. Si quelques gestes de sobriété peuvent aider, seule une rénovation performante et pensée pour l’été permettra de transformer ces logements bouilloires en habitats vivables. Or, les politiques publiques actuelles restent centrées sur l’hiver et fragilisent même les dispositifs existants. Le réseau Cler, le RAPPEL et le collectif Rénovons appellent à repenser la rénovation, l’urbanisme et l’accompagnement financier pour rendre nos logements vivables face aux chaleurs extrêmes.