Réconcilier énergies renouvelables et patrimoine

Loin de s’opposer, le développement des énergies renouvelables et la préservation du patrimoine paysager et architectural sont complémentaires. À condition de prendre le temps du dialogue et de la concertation. Dans une étude intitulée “Accorder énergies renouvelables et patrimoine culturel pour des territoires durables et harmonieux”, en s’appuyant sur des exemples concrets, le réseau Cler tord le cou aux idées reçues, au côté d’une vingtaine d’acteurs de l’énergie, du patrimoine et du paysage.

Publication

Accorder énergies renouvelables et patrimoine culturel pour des territoires durables et harmonieux.

Pour répondre à l’urgence climatique, l’accélération du déploiement des énergies renouvelables est une nécessité. Pour être réussi et accepté, ce déploiement doit impérativement prendre en compte les enjeux du patrimoine et du paysage. Pour le réseau Cler, réunir les acteurs des énergies renouvelables, du patrimoine et du paysage était un défi et une nécessité. Fruit de leurs échanges, cette publication, première pierre d’un édifice encore à construire, dessine des pistes d’actions communes.

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« Porteurs de projets d’énergies renouvelables et défenseurs du patrimoine jouent dans la même équipe. Ils sont tout autant attachés au développement durable, à la défense de l’environnement et à la volonté d’atténuer les enjeux du changement climatique » relève Christian Couturier, membre du conseil d’administration du réseau Cler et directeur de Solagro. Pourtant, ces enjeux partagés n’empêchent pas les frictions et parfois les blocages.
Le réseau Cler s’est donc penché sur le sujet, réalisant une étude publiée dans la collection Comprendre, financée par  l’ADEME et la Banque des territoires. « L’étude du réseau Cler examine comment mieux articuler préservation du patrimoine et développement des énergies renouvelables, deux politiques publiques indispensables mais qui ne sont pas toujours en cohérence » explique Auréline Doreau, responsable de projets énergies renouvelables au réseau Cler.

Échanger et planifier

Le changement climatique, et le retard pris par la France sur ses objectifs, nécessitent l’accélération du développement des énergies renouvelables. Mais pour être possible, cette accélération doit s’appuyer sur les meilleures pratiques. Pour Anne-Catherine Gamerdinger. urbaniste et géographe, membre du collectif Paysage après pétrole, « il faut se donner le temps de mettre en place des documents de principe qui facilitent les projets et éclairent les décisions, à l’image de ce que font les parcs naturels régionaux ou les opérations Grands sites qui font de la concertation un préalable à l’action ». . Ainsi, par exemple, les communes du Syndicat Mixte du ScoT des Vosges Centrales ou celles du Vézelien ont adopté des plans de paysage transition énergétique. Des directions régionales des affaires culturelles et certains services départementaux d’architecture (CAUE et UDAP) proposent des guides de l’insertion paysagère et architecturale des panneaux solaires. Outre ces outils, une grande partie de la solution réside dans le rapprochement des acteurs.

Concilier énergies renouvelables et patrimoine

« Avant la mise en place des projets, élus, syndicats d’énergie et représentants de l’État doivent se rencontrer. Les projets échouent quand ils ne laissent pas de place au dialogue » souligne Gabriel Turquet de Beauregard, architecte des Bâtiments de France (ABF). À contrario, quand ils sont associés aux projets, ABF et inspecteurs des sites aident à trouver des points d’équilibre. Ainsi, c’est avec leur concours que dans le Maine-et-Loire, un parc photovoltaïque a pu voir le jour dans un site patrimonial remarquable. « Pour autant, on ne peut pas tout faire partout de façon systématique » tempère l’architecte. Les défenseurs du patrimoine, bâti ou paysager, ne cherchent pas à le mettre sous cloche, mais à s’assurer que les projets préservent la qualité du cadre de vie. Pour y contribuer durablement, les énergies renouvelables, qui participent à la résilience des territoires, doivent savoir s’intégrer dans le décor.”

5 propositions pour avancer ensemble

Réunis par le réseau Cler, les acteurs des énergies renouvelables, du patrimoine et du paysage ont élaboré au terme de l’étude 5 propositions pour concilier leurs enjeux communs.

  1. Favoriser la montée en compétences de tous les acteurs
  2. Mettre en valeur la qualité des projets
  3. Augmenter les moyens humains et financiers
  4. Modifier la gouvernance et les pratiques
  5. Partager ces propositions