Précarité énergétique : les solutions pour en sortir
La rénovation énergétique est la solution la plus durable et la plus efficace pour sortir de la précarité énergétique. Mais ce n’est pas la seule. De nombreuses initiatives permettent d’aller vers les ménages les plus exposés et de les accompagner.
« Il ne suffit pas de mettre en place des aides financières pour qu’elles soient utilisées »
Pour Marie Moisan, experte précarité énergétique au CLER-Réseau pour la transition énergétique, le manque de lisibilité des dispositifs d’aide aux travaux occasionne un taux de non-recours trop important : jusqu’à dix financements différents peuvent-être mobilisables pour un projet de rénovation énergétique, obligeant à une véritable ingénierie financière.
Par ailleurs, 62% des personnes en situation de précarité énergétique sont des locataires, qui ne sont pas directement ciblés par les dispositifs existants. Un accompagnement des ménages en difficulté est donc absolument indispensable, pour les locataires comme les propriétaires, dans l’habitat collectif comme individuel.
Aux côtés des locataires en situation de précarité énergétique
Pour dépasser les conflits entre bailleur et locataire qui font obstacle aux travaux, l’ADIL du Morbihan s’est engagée dans une démarche de médiation. Les bailleurs n’ont pas d’obligation légale pour la rénovation thermique de leurs logements. La médiation permet de restaurer le dialogue lorsque les situations sont tendues. Sur les 164 situations suivies en médiation depuis 2017, près d’une cinquantaine ont abouti à la réalisation de travaux, une vingtaine au relogement des locataires.
Dans l’Hérault, depuis 2002, avec les fonds d’aide aux travaux de maîtrise de l’eau et de l’énergie, le Gefosat, adhérent du CLER, aide les ménages à bas revenus à réduire leurs charges. En 2019, 85% des ménages entrés dans ce dispositif étaient des locataires.
« Près de la moitié des locataires accompagnés ont pu bénéficier de la réalisation de travaux dans leur logement. Sur l’ensemble des situations, l’économie financière par foyer s’élève à 195€ par an » précise Sandrine Buresi, directrice du Gefosat.
Informer et accompagner l’amélioration de l’habitat
Initié en 2015 dans le Maine-et-Loire, l’association des Locaux-Moteurs forme, quant à elle, des habitants-relais, pour aller informer, en milieu rural, des voisins en situation de précarité énergétique. « La proximité engendre la confiance : 8 portes sur 10 s’ouvrent à nos équipes. L’année dernière, en trois missions, on a généré 100 dossiers de travaux déposés et 1,2 millions de travaux chez des ménages qui jamais n’auraient lancé ces démarches sans nous », souligne Claudine Pezeril, fondatrice de l’association, qui, forte de ces résultats, a essaimé dans le Finistère.
Ailleurs, des dispositifs d’auto-réhabilitation accompagnée aident à améliorer l’habitat, dans certaines régions, un Bricobus vient à la rencontre des habitants, les conseillant et réalisant des travaux à leur côté… « La lutte contre la précarité énergétique ne repose pas sur des solutions uniquement techniques ou financières : il faut avant tout renforcer l’humain et sans doute valoriser et financer davantage l’accompagnement » conclut Marie Moisan.
Mieux comprendre les dispositifs