Fiche métier : qu’est-ce qu’un ingénieur en valorisation des déchets ?

Pour mieux connaître les métiers de la transition énergétique, et les hommes et femmes qui préparent le paysage énergétique de demain, nous vous proposons plusieurs fiches métiers.

« On collabore beaucoup car on partage le même état d’esprit »

Le meilleur déchet ? Celui que l’on ne produit pas

Antoine de Colbert nourrit une aversion certaine pour les déchets : « Ils sont le miroir qui reflète la misère de notre société, il donnent à voir notre civilisation dans ce qu’elle a de plus sale », assène cet ingénieur de 32 ans pour qui « le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas ». Voilà pourtant plus de dix ans que l’homme travaille dans ce secteur. Un paradoxe ? Pas tout à fait. « Les déchets ne sont pas seulement des déchets, ils sont une ressource, valorisable, notamment en énergie », nuance-t-il, chiffres à l’appui. « Sur les 300-400 kilos de déchets que chaque individu produit chaque année, 50 kg de matière organique pourraient échapper à l’incinérateur », rappelle-t-il. Sans compter les déchets agricoles, et certains « sous-produits » de l’industrie agro-alimentaire ou de l’équarrissage. Son travail consiste donc à leur concevoir d’autres destins.

Conseiller et accompagner la valorisation des déchets

Des projets de compostage collectif à ceux de production de biogaz via la méthanisation, Antoine appartenant au service « déchets et écologie industrielle » de l’entreprise Inddigo, conseille et accompagne les acteurs publics et privés désireux de construire des infrastructures adéquates. Les dossiers qu’il suit vont de l’unité de tri mécano-biologique (TMB), « vouée à voir passer 50 000 tonnes de déchets par an », à l’accompagnement d’une ferme des alternatives francilienne, « pour le traitement d’à peine deux tonnes ». Par conséquent, ses interlocuteurs sont aussi bien des mastodontes de la grande distribution que les membres d’un collectif d’agriculture urbaine, « un grand écart parfois déroutant », reconnaît l’ingénieur caméléon.

Quelque soit l’échelle, la valorisation des déchets organiques a le vent en poupe. « Il y a un effet de mode, chacun veut son méthaniseur, se félicite ce chantre de la valorisation. Mais les gens ne sont pas plus conscients qu’avant des problématiques techniques, économiques ou sociétales que ce type de projet implique », poursuit-il citant l’exemple d’un site de méthanisation qui, au mépris des nuisances, avait été pensé pour voir le jour à 50 mètres d’un centre sportif. D’où la nécessité de son métier : « J’interviens bien en amont du chantier, en tant qu’assistant maîtrise d’ouvrage, je mène des audits pour identifier les problématiques de fonctionnement, j’évalue les gisement de déchets pour dimensionner le projet et, pour certains acteurs privés, j’interviens en tant que maître d’œuvre », détaille-t-il.

Dans le cas des collectivités, l’accompagnement est personnalisé : « si la collecte individuelle n’est pas envisageable, alors il est possible de travailler sur le compostage à domicile », illustre-t-il. Il en résulte un quotidien varié : « Il m’arrive, comme en ce moment, d’être tout seul sur une mission d’expertise, de rester au bureau pour passer dix coups de fil, ou alors d’être en permanence sur le terrain pour visiter des sites ou rencontrer des exploitants. »

Des compétences techniques solides et de gestion de projets

Mener à bien ces missions nécessite, entre autres,  « une connaissance de la gestion de projet, de solides bases techniques, un bon réseau et quelques notions d’économie ou juridiques ».  Et lorsqu’une compétence fait défaut, l’homme s’en remet à ses collègues. Inddigo, un important bureau d’études en développement durable, compte des spécialistes de l’énergie, du bâtiment, de la mobilité… « On collabore beaucoup car on partage le même état d’esprit : faire avancer le monde dans le bon sens ». Un engagement qui, pour l’ingénieur, dépasse le cadre professionnel. Ses propres déchets organiques ? Ils finissent à l’école de ses enfants où a été lancé un compost collectif.

Informations complémentaires

Salaire mensuel net :

De 2800 à 5000 €

Formation :

Master ou diplôme d’ingénieur en chimie/biochimie, agronomie, génie des procédés.

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