Mettre la planification écologique au cœur de l’action publique

Cécilia Berthaud est secrétaire générale adjointe à la planification écologique. Dans un entretien elle revient sur la trajectoire commune à suivre pour relever les défis climatiques.

Quelles sont les propositions du secrétariat général à la planification écologique (SGPE) et comment ont-elles été élaborées ?

Cécilia Berthaud : Placé sous l’autorité du Premier Ministre, le Secrétariat Général à la Planification Écologique a pour mission d’assurer la cohérence et le suivi des politiques environnementales et de mesurer la performance des actions menées. Nous nous attaquons à 5 défis : l’atténuation du réchauffement climatique, l’adaptation face à ses conséquences, la préservation et la restauration de la biodiversité, la préservation des ressources naturelles et la réduction des pollutions. 

Pour cet exercice, nous avons travaillé pendant un an avec l’ensemble des ministères mais aussi avec toutes les parties prenantes : entreprises, parlementaires, collectivités, associations… Le plan n’est pas pour autant figé, c’est un travail en constante évolution, le fruit d’une démarche itérative, de concertation à différents niveaux, qui s’ajustera au fil du temps pour s’assurer de l’atteinte des objectifs fixés. Il s’agit d’une approche transversale, où pour chaque ambition sont examinés les enjeux de bouclage et les conditions de réussite : évolution des politiques publiques, disponibilité des financements, conséquences sur l’emploi et la formation, territorialisation, disponibilité des ressources naturelles …  L’objectif est à la fois de mettre la planification écologique au cœur de l’action publique et de mobiliser et dynamiser tous les acteurs au service de la transition écologique. Il s’agit de fixer un cap, de partager une trajectoire commune.

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Quel est le calendrier de mise en œuvre proposé ? Avec quels financements ?

C.B. : Pour faire face à l’urgence climatique, la France s’est fixé un objectif très ambitieux : baisser de 55 % nos émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2030, par rapport à leur niveau de 1990. Pour y parvenir, nous devons faire davantage en 7 ans que ce que nous avons fait ces 33 dernières années. D’ici 2030, nous comptons aussi restaurer 1,4 millions d’hectares pour préserver la biodiversité, réduire de 10% nos consommations d’eau, nous adapter aux conséquences inévitables du changement climatique… Nous avons réalisé un premier tableau de bord qui présente année après année jusqu’en 2030, une série d’indicateurs qui tracent le chemin à suivre en matière de transport, d’énergie, de bâtiment, d’agriculture, de couvert forestier… Pour financer l’ensemble de ces actions, comme le note le rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz  remis en mai dernier à la première ministre, l’État ne pourra pas tout : l’effort devra être réparti équitablement entre les entreprises, les collectivités territoriales, les ménages et l’État. Cela dit, ce dernier prend déjà largement sa part : le projet de loi de finances 2024 prévoit 10 milliards d’euros supplémentaires en faveur de la transition écologique. Près de 5 milliards d’euros au total sont ainsi prévus en 2024 pour accompagner les Français dans la rénovation de leurs logements, soit une hausse de 1,6 milliard d’euros. Le Fonds vert, destiné à financer les projets de transition écologique des collectivités territoriales, s’élève désormais à 2,5 milliards d’euros en 2024, soit une hausse de 500 millions d’euros par rapport à 2023.

Quelles sont les actions prévues en matière d’emploi et de formation ?

Nous sommes actuellement en train d’appliquer la méthode du SGPE au chantier emploi & compétences, la trajectoire est en cours d’élaboration et sera disponible l’année prochaine. Mais si on regarde les études de France Stratégie par exemple, on peut s’attendre à une croissance nette de la demande de main d’œuvre. Mais cette création d’emplois engendrera des mouvements forts entre les secteurs : la rénovation énergétique en profitera largement, tandis qu’on peut imaginer une diminution dans les secteurs liés aux énergies fossiles par exemple… Nous regardons comment accompagner cette redistribution d’emploi entre les différents secteurs, les différents territoires. Il est par ailleurs nécessaire de faire évoluer les référentiels de compétences, de former les formateurs et d’évaluer les gisements d’emplois ainsi que les opportunités économiques associées à la transition. C’est un des objectifs du projet de loi Industries vertes qui vise la création de 40 000 emplois directs d’ici 2030.