Paroles de jeunes

Les générations futures, ce sont eux. En formation ou en activité professionnelle, ils mettent leur engagement, personnel ou professionnel, en accord avec leurs valeurs. Pour donner du sens à leur quotidien et préparer l’avenir. Rencontres.

Hippolyte Andrade, 22 ans : apprenti en écoconstruction

« J’ai commencé par le gros œuvre béton dans une filiale du groupe Vinci. Parce qu’en DUT génie civil, c’est le sujet qui revient le plus souvent. Mais je me suis vite rendu compte qu’il y avait beaucoup mieux à faire. Le bilan carbone de ce matériau est vraiment trop mauvais. Les multinationales, ce n’est pas trop mon truc non plus. Je me suis donc réorienté. Je viens de commencer une formation en alternance d’ouvrier professionnel en écoconstruction. À Chambéry, la formation théorique de l’ASDER débute par la maçonnerie. Puis on s’attaque à l’ossature bois, à la charpente et à l’isolation. À Bordeaux, je mets en pratique dans une entreprise qui fait pas mal de rénovation. Je pars pour onze mois. J’aurais pu devenir chef de chantier avec un statut de cadre. Je vais commencer comme ouvrier. Quand j’aurai pris un peu de bouteille, j’imagine lancer ma propre activité en coopérative. Pour respecter l’accord de Paris sur le climat, il faudrait rénover 500 000 logements par an. On n’y est pas. Il y a donc du boulot.  Surtout, je me sens bien. J’ai le sentiment d’avancer dans le bon sens ».

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Justine Duval, 21 ans : étudiante à l’école polytechnique

Étudiante en troisième année à l’école Polytechnique, Justine Duval est membre du collectif Pour un Réveil Écologique qui entend mettre la pression sur les acteurs économiques, académiques et politiques pour qu’ils agissent enfin concrètement pour un monde écologiquement vivable.

« J’ai rejoint Pour un Réveil Écologique il y a quelques mois pour donner plus de poids à des convictions qui remontent à l’adolescence. Pour un Réveil Écologique, ça a d’abord été un manifeste signé par 30 000 étudiants qui voulaient appeler pouvoirs publics et employeurs à changer radicalement de trajectoire en injectant une véritable ambition sociale et environnementale dans toutes leurs activités, comme dans les emplois qu’ils proposent. Aujourd’hui le manifeste a donné naissance à un collectif d’une centaine de membres qui veulent mobiliser la société dans son ensemble autour des enjeux climatiques. Cette volonté se traduit par des missions de plaidoyer auprès de la classe politique, par des opérations de sensibilisation grand public – en affichant les grandes lignes du rapport du GIEC dans le métro parisien, par exemple – et bien sûr par des initiatives ciblant les entreprises et les établissements d’enseignement supérieur, dont nous constatons qu’ils ne nous forment pas assez aux enjeux de la transition écologique. L’une de nos principales actions est de rencontrer des entreprises – du cabinet de conseil à l’énergéticien en passant par des structures de la fonction publique – pour qu’elles nous expliquent, en toute transparence, comment elles prennent en compte les enjeux environnementaux. Bien sûr nous ne prenons pas leurs déclarations pour argent comptant ! Mais même si elles ne sont pas toujours exemptes de greenwashing, leurs réponses servent de base à des discussions plus poussées autour des attentes des futurs collaborateurs que nous sommes. Bonne nouvelle : nous avons l’impression d’être de plus en plus écoutés ! Tout ce travail permet également de donner des clés de lecture à tous les jeunes qui veulent œuvrer pour des employeurs en accord avec leurs convictions. Pour ma part, je commence l’an prochain un master en sciences environnementales et je compte bien transformer mon engagement étudiant en projet professionnel. »

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Valentin Walter, 27 ans : Responsable réseau Ile-De-France Energie Partagée

Héléna Hadjur, 23 ans, Chargée de mission au Ministère de la transition écologique et solidaire

C’est en école de commerce à Toulouse qu’Héléna s’est réveillée. Une « énorme » prise de conscience écologique. « Est-ce que j’avais envie de continuer à faire tourner la machine sans me poser de questions ? ». La réponse était non. Alors Héléna s’est engagée auprès de l’association Jeunes ambassadeurs pour le climat. 

Recrutée comme « jeune déléguée pour le climat » par le RESES à l’issue d’une sélection sévère, Héléna s’est immiscée dans les négociations climatiques internationales. Pendant deux ans, la jeune femme a accompagné la délégation tricolore aux COP de Madrid puis de Glasgow ainsi qu’aux intersessions annuelles de Bonn. En plein cœur du réacteur diplomatique. « Je suivais les discussions pour contribuer à la rédaction de comptes-rendus permettant à la France de préciser ses positions, en particulier sur la protection des océans et la transparence ».

Bilan ? « Je reste convaincue que mettre tous les pays autour de la table est une nécessité. Mais je comprends mieux aussi les raisons qui freinent la mise en œuvre de l’ambition collective ».  Alors que l’étudiante poursuit son master en politiques environnementales à Sciences Po Paris, on lui propose un CDD de six mois au ministère de la Transition écologique et solidaire. Héléna profite de son année de césure pour ajouter une ligne supplémentaire à son CV. La voilà chargée du suivi des négociations sur le bilan mondial, processus visant « à évaluer les progrès collectifs des pays signataires de l’Accord de Paris afin de rehausser l’action et l’ambition globale tous les cinq ans ». La mission est intéressante, le résultat un peu frustrant. « Publics comme privés, les moyens mis en œuvre ne sont clairement pas à la hauteur de la trajectoire fixée ».

L’expérience permet toutefois à Héléna d’ajuster ses perspectives professionnelles. Parce qu’elle connaît désormais le cadre et le rythme de travail d’une grande organisation, la jeune femme se projette plus facilement à l’échelle locale. « Où l’on agit concrètement avec une plus grande liberté de décision ».

Mais Héléna a aussi une vie à côté, tout un univers sensible qu’elle met en musique au chant et à la guitare folk. Son premier EP est sorti l’an dernier. Héléna veut retrouver du temps pour composer.  Pour faire entendre une autre voix dans le concert des nations.

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Malika Mean, 17 ans : Volontaire de la transition énergétique et écologique

Fâchée avec le lycée, Malika n’est jamais allée au bout de sa terminale. Pour autant, l’adolescente n’était pas du genre à rester les bras croisés. Le service civique ? « Mes sœurs en avaient fait, elles avaient bien aimé ».

Quand Internet l’oriente vers l’association Unis-Cité, Malika postule sans trop se poser de questions. Le temps de déménager d’Alençon à Tours, la voilà « volontaire de la transition énergétique et écologique ». « Je connaissais un peu les écogestes. Je triais mes déchets. J’avais marché pour le climat. Mais c’était à peu près tout ». Pendant huit mois, Malika apprendra la médiation. Sa mission ? Organiser des animations pour sensibiliser le grand public, en particulier les familles les plus vulnérables, aux enjeux environnementaux et à la maitrise de leur consommation d’énergie. Elle intègre une équipe de sept volontaires. Ensemble, ils imaginent un jeu de l’oie, un jeu de sept familles, un quizz et même un escape game virtuel. Autant de supports attractifs qui servent à engager la conversation dans les centres sociaux, en pied d’immeuble.

Combien consomme un ordinateur en veille ? Quelle est la température idéale dans la chambre à coucher ?  Malika questionne les habitants du quartier populaire du Beffroi. L’accueil est positif. « On n’est pas là pour faire la morale ni le professeur. On y va en douceur. Sinon les gens n’écoutent pas ». Le samedi, elle tient parfois un point de collecte des déchets électriques et électroniques pour promouvoir les vertus du recyclage et du réemploi au bénéfice d’une ressourcerie. « La dernière fois, on a récupéré 400 appareils ! » L’expérience a fait grandir Malika qui n’a « plus peur de sociabiliser avec des inconnus ». Elle a fait aussi mûrir sa conscience écologique. Mais l’optimisme est un combat. « On aurait dû s’y mettre bien avant. Si rien ne se passe, c’est mort pour nous ». Donc la jeune fille réduit sa consommation de viande, traverse la ville pour rapporter ses bouteilles consignées et tente de convertir ses proches. Pas facile. « Il fait 30 degrés au mois de mai et les gens sont contents qu’il fasse beau ! ». Malika se rêve décoratrice d’intérieur ou tatoueuse. Plus qu’une ligne sur le CV, le service civique l’aura déjà rendu citoyenne.

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