Zoom sur l’observatoire des énergies renouvelables et de la biodiversité

Lancé en avril 2024, ce nouvel observatoire est chargé de documenter les impacts positifs et négatifs des énergies renouvelables terrestres sur la biodiversité et les milieux naturels, et de proposer des solutions pour atténuer ces incidences. Décryptage avec Thomas Eglin, coordinateur du pôle « Sols, Paysages et Impacts environnementaux » à l’ADEME.

Pourquoi la création de cet Observatoire s’est-elle avérée nécessaire ?

Thomas Eglin : Les associations environnementales et les experts ont constaté un réel manque de données consolidées sur les lieux d’implantation des infrastructures d’énergies renouvelables dans les espaces naturels et agricoles. L’Observatoire dresse donc un état des connaissances des impacts des énergies renouvelables terrestres sur la biodiversité, les sols et les paysages. Il a également un rôle dans la diffusion des connaissances auprès du grand public et des acteurs de la filière.

Quelle est votre feuille de route ?

T.E. : L’ambition est de synthétiser les connaissances sur les énergies renouvelables terrestres, en priorisant les travaux sur l’éolien, les photovoltaïques, puis les bioénergies et l’hydroélectricité. Le premier enjeu est d’identifier le niveau d’incidence : est-ce soutenable par les écosystèmes ? Est-ce qu’il y a des endroits où il y a plus de problèmes qu’ailleurs ? Que mettent en œuvre les développeurs pour y pallier ? Est-ce efficace ? Puis le second enjeu est de mettre en avant les solutions d’atténuation efficaces pour mieux planifier et concevoir les projets.

« Il y a un besoin d’objectiver les impacts des énergies renouvelables sur la biodiversité, les sols et les paysages, et d’identifier les solutions efficaces pour les atténuer. »

Thomas Eglin

Sur quels indicateurs s’appuie l’Observatoire pour dresser ces états des lieux ?

T.E. : L’Observatoire croisera les cartes des enjeux de biodiversité, de sols et paysagers avec les sites d’implantation, pour objectiver si ces enjeux sont pris en compte dans les choix d’implantation. Il analysera les données de la littérature scientifique et des suivis environnementaux réalisés sur les sites pour évaluer les incidences. Il réalisera des bilans des pratiques mises en œuvre par les développeurs pour limiter les impacts. Ce travail se fera en partenariat, notamment avec l’unité PatriNat (OFB-MNHN-CNRS-IRD), qui est le centre national d’expertise et de données sur le patrimoine naturel, et l’unité InfoSol d’INRAE qui pilote le système d’observation des sols en France.

Comment les acteurs des énergies renouvelables et les acteurs de la biodiversité peuvent-ils y contribuer ?

T.E. : L’ADEME et l’Office français de la biodiversité sont les organismes qui mettent en œuvre l’Observatoire conjointement. L’Assemblée des parties prenantes peut donner son avis sur les priorités des travaux de l’Observatoire. Nous pouvons aussi mettre en place des lieux d’échange avec les acteurs de la biodiversité et des énergies renouvelables. Des rencontres annuelles de l’Observatoire seront mises en place dès 2025. Nous initions des projets avec les professionnels, comme le Syndicat des Energies Renouvelables et Enerplan pour améliorer les suivis environnementaux menés sur les centrales photovoltaïques. Ou encore avec les Chambres d’agriculture pour apporter des recommandations sur la prise en compte de la qualité des sols dans les projets photovoltaïques et éoliens.

L’assemblée des parties prenantes

61 organismes font partie de l’assemblée des parties prenantes, avec notamment l’Office national des forêts, le CNRS, les gestionnaires d’espaces naturels protégés, les gestionnaires des sites Natura 2000, le conseil national de protection de la nature (CNPN).