Municipales 2026 : lettre aux 500 000 futurs élus
À l’approche des élections municipales de 2026, Nicolas Rio et Manon Loisel, co-fondateurs de Partie Prenante, lancent une lettre aux 500 000 (futurs) élu·es municipaux pour parler action publique et démocratie locale. Chaque mois, ils écrivent une lettre en encourageant les candidats et candidates à se projeter sur le lendemain des élections. Nicolas Rio nous explique cette démarche.
Nous savons que l’état de notre démocratie vous tient à cœur. Après votre livre sur la démocratie participative, qu’est-ce qui vous a décidé à prendre part dans la campagne pour les municipales de 2026 ?
Nicolas Rio : Notre constat, c’est qu’à force de concentrer l’ingénierie démocratique sur la participation des citoyens et citoyennes, nous avons fini par délaisser le fonctionnement de la démocratie représentative. Or, c’est là que se situe une partie du problème et une partie de la solution ! Nous sommes convaincus que pour être plus démocratique, la fabrique de l’action publique a besoin des élu·es locaux. Les conseiller·ères municipaux ont un rôle clé pour relayer les préoccupations de leurs concitoyen·nes et s’assurer que leurs situations vécues sont bien prises en compte dans la conception des politiques locales comme dans leur mise en œuvre. Mais ils sont souvent démunis pour réussir à assurer cette fonction.
En France, nous avons plus de 500 000 élu·es municipaux. C’est un potentiel démocratique énorme, qui reste encore à activer ! On parle beaucoup de la nécessité de renforcer le pouvoir d’agir des citoyens et citoyennes, nous, nous essayons de travailler l’empowerment des élu·es dans leur fonction de représentant, ce qui est aussi un moyen de lutter contre la centralisation du pouvoir local.
Vous avez décidé d’écrire aux 500 000 (futurs) élu·es municipaux, toutes étiquettes confondues donc. Qu’est-ce que vous voulez leur dire ?
NR : Notre objectif est d’inviter les candidats et candidates à se projeter sur le prochain mandat pour que la campagne soit aussi l’occasion de mettre en débat les choix d’action publique. Nous ne sommes pas là pour les aider à gagner les élections, mais pour qu’ils puissent en faire quelque chose une fois élus.
Par exemple, nous avons consacré notre deuxième lettre mensuelle au devenir des politiques de transition dans un contexte de backlash écologique. Comment continuer à défendre l’écologie quand un nombre croissant de citoyens et citoyennes ont le sentiment que la transition ne se fait pas pour eux mais contre eux ? Pour cela, nous les invitons à travailler la réception de leurs mesures écologiques (le développement des pistes cyclables ou des énergies renouvelables, la végétalisation de l’espace public, la rénovation des équipements publics…) en se mettant à la place des citoyens et citoyennes pour se demander qui s’estime perdant et qui s’estime gagnant. À eux ensuite d’ajuster leur proposition pour démontrer que les gagnants sont majoritaires tout en assumant de faire des perdants.
«Notre objectif est d’inviter les candidats et candidates à se projeter sur le prochain mandat pour que la campagne soit aussi l’occasion de mettre en débat les choix d’action publique.»
Nicolas RioCo-fondateur de Partie Prenante
Qu’attendez-vous de cette démarche ?
NR : La façon la plus facile est de relayer ces lettres aux élu·es et candidat·es de leur territoire. Nous n’avons pas le fichier mail des 500 000 futurs élu·es, nous fonctionnons par bouche-à-oreille donc nous comptons sur les premiers lecteurs et lectrices pour élargir le cercle et pour nous partager les retours qu’elles suscitent !
L’étape d’après est de les encourager à faire les exercices proposés. Vous pouvez même commencer à le faire à leur place. Dans le contexte actuel, nous sommes convaincus que ces exercices sont un plaidoyer plus efficace pour faire bouger nos futurs élu·es (et leurs électeurs, électrices) que de faire la traditionnelle liste des 10 mesures pour amplifier la transition.
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