Loos-en-Gohelle : un changement de cap exemplaire
Loos-en-Gohelle, ancienne cité minière du Pas-de-Calais, membre du réseau des territoires à énergie positive (TEPOS) est aujourd’hui une référence nationale en termes de transition écologique. Elle accueillera à ce titre la 14e édition des Rencontres nationales TEPOS en septembre 2024. Entretien avec son maire, Geoffrey Mathon.
Loos-en-Gohelle est un exemple à suivre en matière de transition énergétique. Pourquoi ?
Geoffrey Mathon : L’ histoire de Loos-en-Gohelle est celle d’une commune du bassin minier, plutôt pauvre et très marquée par une mono-activité qui s’est effondrée, l’industrie du charbon. La seule manière de se relever était d’opérer une transition vers un modèle moins destructeur pour la nature, moins polluant. De par notre histoire, nous avons considéré l’énergie comme un des leviers premiers des transitions à opérer. Autrefois, on ne voyait pas l’intérêt d’isoler les logements, puisqu’on avait le charbon presque gratuitement ! Tout d’un coup, il a fallu renverser cette perspective : on a choisi de rénover les bâtiments et de produire notre propre énergie à partir du soleil. Nous avons même créé une société dont des citoyens sont actionnaires “Mine de soleil” qui développe à présent ses projets des centrales photovoltaïques sur le territoire du Pôle Métropolitain de l’Artois.
Quels messages adresseriez-vous aux élus qui hésitent encore à se lancer dans des projets d’énergies renouvelables ?
G.M. : La crise environnementale ne nous laisse pas vraiment le choix. Si on veut conserver du pouvoir local, il est nécessaire d’économiser l’énergie et de la produire. La commune de Loos-en-Gohelle touche 5 000 euros par an grâce à la centrale solaire photovoltaïque installée sur son église réhabilitée. Les projets d’énergies renouvelables, tout en étant plus respectueux de l’environnement, coûtent moins cher et permettent d’avoir des capacités financières pour investir dans les services publics.
C’est aujourd’hui une vraie attente des habitants. Je dis aux maires : vous n’avez pas vraiment le choix et vous avez tout à y gagner !
Quelle place pour le citoyen dans la transition énergétique de Loos-en-Gohelle ?
G.M. : Sur les questions de transition, il faut absolument mettre les citoyens au cœur du de la réflexion et de l’engagement. Ce n’est pas tout d’avoir un logement réhabilité avec une haute performance thermique, il faut savoir l’utiliser correctement. A Loos-en-Gohelle, nous avons des ambassadeurs, des gens qui prennent des responsabilités dans les projets. Plus on arrive à mettre les gens dans le “faire”, plus les changements de comportement sont importants. Si des gens autour de vous montrent l’exemple, là vous vous sentez concerné.
Quels défis attendent Loos-en-Gohelle à court et moyen terme ?
G.M. : Si on prend les énergies renouvelables, l’enjeu désormais c’est d’accélérer, de passer des communes à tous les échelons. On a prouvé que c’était possible mais les expérimentations ne seront pas suffisantes. C’est un changement radical de cap qu’il faut réussir. Aujourd’hui, le contexte social est compliqué, le pouvoir d’achat est si faible que certaines familles éteignent leur chauffage. C’est pour eux que nous devons réussir la transition.