Les Plans d’action en faveur de la mobilité solidaire
Instaurés par la Loi d'orientation des mobilités en 2019, les Plans d’Action en faveur de la Mobilité Solidaire (PAMS) tardent à tenir leurs promesses. Marc Fontanès, directeur général adjoint d’Auxilia Conseil, en analyse les freins et les leviers d’accélération.
Qu’est-ce qu’un PAMS ?
Marc Fontanès : Les Plans d’action en faveur de la mobilité solidaire (PAMS), instaurés par la loi d’orientation des mobilités (LOM) de décembre 2019, sont des dispositifs territoriaux destinés à améliorer la mobilité des publics vulnérables (demandeurs d’emploi, seniors, jeunes, personnes en situation de handicap ou en précarité financière). Ils s’appuient sur un maillage d’acteurs locaux (collectivités, associations, opérateurs de mobilité, garages et autos-écoles solidaires, missions locales, France Travail…), sous la coordination des Régions qui ont hérité d’une compétence supplémentaire de mobilité solidaire, et en partenariat avec les Départements.
Quels sont les leviers exploités dans les PAMS ?
MF : Il s’agit d’abord de rendre les transports actuels plus inclusifs, en mettant en place des tarifications spéciales par exemple. Les autres moyens d’action sont le développement des services spécifiques, comme le transport à la demande et la mise en place d’accompagnements dédiés (conseil à la mobilité, formations adaptées…).
Où en est leur déploiement ?
MF : Le moins que l’on puisse dire est que le déploiement des PAMS est lent. La mise en place de ces dispositifs se heurte à un triple écueil : l’absence de contrainte temporelle, le manque de cadrage précis et l’absence de financements dédiés. De fait, les Régions ne se précipitent pas. Les Hauts-de-France sont aujourd’hui la seule Région à structurer un déploiement concret des PAMS. Sur les dix bassins de mobilité de cette Région, trois seront bientôt couverts, et sept autres suivront. Ce sont les premiers dispositifs de ce type en France. La Région Occitanie s’est également mise en route avec un partenariat dédié avec France Travail, l’organisation d’états généraux de la mobilité solidaire et de premiers PAMS annoncés pour cette année. Les autres Régions semblent avoir fait le choix de se concentrer d’abord sur les contrats opérationnels de mobilité (COM), un autre outil issu de la loi LOM visant à améliorer la coopération entre acteurs et l’offre de transport sur les territoires, sans cibler spécifiquement les publics vulnérables.
«Il s’agit de rendre les transports plus inclusifs. »
Marc FontanèsDirecteur général adjoint Auxilia Conseil
Quelles seraient, selon vous, les pistes pour accélérer ?
MF : Je crois qu’il faudrait désacraliser le sujet. Lorsqu’Auxilia Conseil a été missionné pour accompagner la Région Hauts-de-France sur ce sujet, nous avons commencé par un diagnostic territorial pour voir ce qui existait déjà en matière de mobilité solidaire dans les territoires, et nous nous sommes rendu compte qu’il existait déjà de nombreux dispositifs méconnus qu’on pouvait valoriser et sur lesquels s’appuyer. Ce diagnostic peut être mutualisé avec le diagnostic du COM, ce qui permet de gagner du temps. L’autre point important, c’est de réunir un maximum d’acteurs potentiellement concernés dans une démarche collaborative, un club de la mobilité solidaire par exemple, à l’échelle des bassins de mobilité. Ensuite, il n’est pas obligatoire de viser d’emblée un grand programme systémique comme l’ont fait les Hauts-de-France, on peut adopter une approche progressive. Mieux vaut commencer petit que ne pas commencer du tout…