Dans les Hauts-de-France, des formations directement sur les chantiers

Le dispositif des formations intégrées au travail (FIT) permet de faire monter en compétences les professionnels du BTP sur la performance énergétique des bâtiments.

Les entreprises du BTP – notamment les plus petites – n’ont pas toujours le temps ou l’occasion de proposer des formations à leurs salariés. Par ailleurs, les techniques de construction évoluent vite et, pour mieux répondre au marché, elles doivent élever leurs niveaux d’exigence de qualité pour atteindre des objectifs de performance énergétique, notamment dans le contexte de la RT2020 (applicable dès la fin de l’année 2020), qui prévoit que toute nouvelle construction devra produire davantage d’énergie qu’elle n’en consomme.

C’est pour ces trois raisons que, depuis janvier 2017, la région Hauts-de-France (avec aussi des financements Ademe) – lauréate d’un appel à projets dans le cadre de Pacte, le Programme d’action pour la qualité de la construction et la transition énergétique – déploie le dispositif FIT (formation intégrée au travail), sur quatre territoires pilote (métropole de Lille, Saint-Quentin, Lens Liévin Hénin Carvin et Cambrésis), via notamment leurs Maisons de l’emploi. Pour 2017-2018, le budget total s’élevait à 925 747 euros. Le calendrier opérationnel s’est finalement prolongé jusqu’à octobre 2019, à budget constant, pour être calé sur la quantité d’opérations.

« Ce dispositif permet d’insister sur des points de détails qui peuvent améliorer les performances énergétiques des bâtiments. »

« Les FIT sont inscrites dans les appels d’offre pour les marchés publics. L’entreprise sait donc qu’en répondant, elle devra mobiliser quelques salariés sur cette formation », détaille Denis Dembski, chargé de ce programme à Cambrésis emploi (territoire de Cambrai). La formation, essentiellement pratique, a ensuite lieu sur le chantier, pendant quinze heures maximum, réparties sur plusieurs jours. « Les formateurs ne traitent pas directement de problèmes précis du chantier en cours mais bien sûr les problématiques résonnent dans le déroulé pédagogique de la FIT. Trois thématiques liées sont abordées : l’étanchéité à l’air, l’isolation et la ventilation », explique Ronan Ségalen, conseiller formation à Constructys, l’opérateur de compétences qui accompagne les entreprises dans la FIT.

« Sortir de la logique silo »

« Ce dispositif n’a pas vocation à apprendre leurs métiers aux salariés, ils le connaissent, mais l’idée est d’aller plus loin, d’insister sur des points de détails qui peuvent améliorer les performances énergétiques des bâtiments, de leur proposer une montée en compétences, en somme », poursuit Denis Dembski. L’objectif de la FIT, c’est aussi de lier entre eux les différents corps d’état, de les faire s’interroger et travailler ensemble. « Il faut sortir de la logique silo. Chaque corps d’état – électricien, plombier, menuisier… – a bien sûr ses compétences propres mais cette formation permet de travailler sur des compétences collectives. Lors d’autres formations classiques, on entend souvent “ça aurait été intéressant si tel ou tel autre métier avait été présent”, la FIT est donc l’occasion de les fédérer », précise Ronan Ségalen.

Les FIT sont assurées par des professionnels référencés Praxibat, outil de formation aux techniques de l’efficacité énergétique des bâtiments. « Les formateurs ne sont pas hors-sol, ils savent ce qu’est un chantier et quelles peuvent être les problématiques rencontrées », assure Ronan Ségalen. A ce jour, 17 opérations sont réalisées ou engagées. « D’ici la fin de l’année, une centaine de salariés auront donc suivi cette formation. »

Par Claire Baudiffier, journaliste.

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Cet article est extrait de la revue Notre énergie n°123 – Transformer l’emploi, un projet local et inclusif

Quand une usine ferme, c’est tout un territoire qui trinque. Des emplois disparaissent, des commerces et des écoles ferment, et l’identité même d’un lieu est altérée. Pourtant, face à la perte de vitesse inéluctable des industries les plus polluantes, les acteurs de terrain se mobilisent. Ici et là, ils font dialoguer activités économiques, insertion sociale et formations professionnelles, cherchent des solutions adaptées et vertueuses. Une vraie résilience à laquelle aspirent les citoyen.nes eux-mêmes qu’ils soient salarié.es en recherche d’emploi ou en reconversion. Avec eux, partageons nos expériences de terrain, et relevons ce grand défi des transitions professionnelles ! Voici le sommaire de ce nouveau numéro de notre revue associative : Notre énergie !

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