Les nouvelles étiquettes énergie débarquent aujourd’hui !

À compter du 1er mars 2021, les fabricants doivent apposer de nouvelles étiquettes énergie sur leurs produits. D'une échelle de A à G, ces étiquettes plus lisibles permettent de mieux différencier les produits les moins énergivores. Le point avec Mélissa Zill, responsable de programmes pour l’ONG environnementale ECOS basée à Bruxelles.

Qu’est-ce qui change avec ces nouvelles étiquettes ?

Mélissa Zill : les étiquettes énergie n’étaient plus adaptées depuis plusieurs années. Des modèles toujours plus performants et économes en énergie mis sur le marché ont rendu nécessaire la création de classes A+, A++ et A+++, alors qu’en parallèle les classes les plus basses (E, F et G) sont devenues obsolètes. Les nouvelles étiquettes sont simplifiées grâce à une échelle allant de A à G. Alors que jusqu’à présent la majorité des produits se trouvaient dans les mêmes classes supérieures, désormais une meilleure différentiation est mise en place : à efficacité égale un réfrigérateur actuellement en classe A+++ pourrait se retrouver dans la classe C. Les nouvelles étiquettes visibles en magasin à partir du 1er mars 2021 concernent les lave-vaisselles, les machines à laver, les lave-linges séchants, les réfrigérateurs (y compris les congélateurs et les caves à vin) et les écrans. Pour les lampes il faudra attendre septembre 2021.

Quelles sont les autres avancées positives ?

Mélissa Zill : en parallèle de la nouvelle étiquette énergie, de nouvelles dispositions ont été adoptées qui entrent aussi en vigueur en mars 2021. Elles  favorisent la réparabilité des appareils et la disponibilité de pièces détachées. C’est une première ! Prolonger la durée de vie des produits permet d’économiser non seulement des matières premières, mais également l’énergie nécessaire à leur fabrication. Cette mesure est particulièrement importante pour les produits dont l’efficacité énergétique est déjà très optimisée, comme les lave-linges par exemple. Autre nouveauté : la présence d’un QR code sur les étiquettes qui renverra vers la base de données européenne EPREL. Elle contiendra des informations supplémentaires accessibles aux consommateurs, aux revendeurs, ainsi qu’aux autorités de surveillance des marchés, sur tous les produits nécessitant une étiquette énergie.

De quelle manière ces réglementations favorisent-elles les économies d’énergie ?

Mélissa Zill : en instaurant un seuil minimum d’efficacité, les règles d’écoconception ont pour effet de retirer du marché les produits les moins efficaces. En parallèle, l’étiquette énergie guide le consommateur vers les produits les plus efficaces. Ces mesures ont permis d’énormes économies d’énergie depuis leur introduction. Ces nouvelles mesures et les nouvelles dispositions sur  l’écoconception, feront économiser 167 TWh d’énergie finale par an d’ici 2030, soit la consommation annuelle du Danemark. Les politiques d’écoconception et l’étiquette énergie ont donc prouvé leur efficacité. Grâce à elles, les consommateurs agissent concrètement sur leur consommation d’énergie et réduisent le montant de leurs factures.

« Pour la première fois, des mesures favorisant la réparabilité des appareils ont été adoptées »

Quel rôle jouent les ONG environnementales ?

Mélissa Zill : les industriels dominent les débats législatifs qui abordent des questions très techniques. ECOS, avec l’aide d’experts spécialistes de chaque produit, porte le point de vue des ONG environnementales tout au long du processus d’élaboration de ces lois, depuis l’étude préparatoire jusqu’au vote des États membres. Avec l’aide de nos partenaires européens dans le cadre de la campagne Coolproducts, nous nous efforçons d’obtenir des mesures toujours plus ambitieuses pour maximiser les économies d’énergie et la réduction des émissions de CO2. Lorsque cela est nécessaire, nous menons des campagnes spécifiques sur certains sujets comme nous l’avons fait sur les climatiseurs portables cet été, ou sur le chauffage électrique en 2019.

Quelles sont les prochaines batailles à mener ?

Mélissa Zill : les mesures d’écoconception et les étiquettes énergie ont prouvé leur efficacité pour les produits électriques et électroniques, c’est pourquoi le législateur européen souhaite étendre ce principe à d’autres secteurs tels que le textile ou l’ameublement. Mais d’importantes économies d’énergie et de matières premières pourraient être obtenues sur les produits déjà couverts par la législation actuelle ! C’est le cas pour le matériel électronique (smartphones, ordinateurs, tablettes, imprimantes…) dont il faudrait prolonger la durée de vie dès maintenant. C’est également valable pour les mesures sur le chauffage, qui représente un tiers de la consommation d’énergie dans l’UE et émet autant de CO2 que l’ensemble du parc automobile. L’étiquette énergie des chaudières favorise toujours les chaudières au gaz en les incluant en classe A  voire A+, ce qui n’encourage pas les consommateurs à se tourner vers des alternatives plus efficaces et moins polluantes.

Propos recueillis par Léo Pardo, responsable de projets précarité énergétique.

Le saviez-vous ?

Le CLER-Réseau pour la transition énergétique participe à la campagne européenne Coolproducts menée par ECOS et le Bureau européen de l’environnement pour améliorer l’efficacité énergétique des appareils.

Contact

Léo Pardo

responsable de projets précarité énergétique

leo.pardo[arobase]cler.org