La transition énergétique en direct… de Bretagne

Chaque trimestre, les acteurs d'un territoire racontent leurs initiatives pour les économies d'énergies et les énergies renouvelables. Cap sur la région Bretagne.

Plus de 600 « carbonautes » partis à l’aventure à Lorient

Dimanche 16 septembre 2018, l’Agence locale de l’énergie de Bretagne-Sud (ALOEN) organisait un jeu de piste grandeur nature à Lorient grâce à la participation de 23 structures et près de 90 personnes impliquées. Le but ? Initier les habitants à la transition écologique en découvrant, à travers le jeu, comment adopter des habitudes plus respectueuses de la planète au quotidien : fabriquer soi-même ses détergents, trier correctement ses déchets, recycler du papier, ou encore créer un hôtel à insectes.

Des réseaux de chaleur ruraux au Sud-Est de Rennes

Territoire rural et péri-urbain, Roche aux Fées Communauté est engagée depuis 2008 dans la transition énergétique. En 2010, elle s’est dotée d’une compétence de développement des réseaux de chaleur biomasse en lien avec sa politique de re-plantations bocagères et la montée en puissance de la filière bois-énergie locale. Après une première expérience réussie d’un réseau de chaleur bois (1,1 MW de puissance et 3,7 Gwh de consommation) en délégation de service public, la Communauté de communes a poussé le concept un peu plus loin. Elle a mutualisé au sein d’une même procédure (toujours en délégation de service), le développement de trois nouveaux réseaux plus petits (2,1 MW de puissance cumulée pour 2,8 Gwh) qui alimenteront deux maisons de retraites, un foyer de vie, huit salles communales, écoles et collèges. Cette mutualisation a permis d’intéresser un exploitant régional qui va investir 2,7 millions d’euros pour exploiter les réseaux pendant 25 ans. Les abonnés bénéficieront d’une facture énergétique quasi équivalente (et surtout plus stable) à leur situation actuelle. De leur côté, les agriculteurs locaux vont fournir 600 T de bois plaquettes (sur 1200 T, le reste provenant de la forêt) issue de l’entretien durable de 15 à 20 kilomètres de haies bocagères par an.

En savoir plus : www.cc-rocheauxfees.fr

Louer des panneaux solaires pour autoconsommer

Plusieurs bâtiments communaux sont aujourd’hui équipés de panneaux solaires à Lorient (Hôtel de Ville, groupe scolaire, centre de formation). Pour monter ces projets d’autoconsommation d’électricité, la Ville a choisi de louer annuellement ses panneaux solaires à la société Oncimè (dont l’actionnariat est tourné vers les habitants du territoire) via une procédure de marché public. Le partenariat repose sur un modèle financier innovant : ce sont les économies générées sur la facture d’électricité (l’électricité autoproduite et autoconsommée étant moins chère que celle achetée au réseau) qui permettent de financer l’achat et la pose des panneaux. Une fois par an, la société Oncimé assure en outre dans les bâtiments équipés des animations autour du photovoltaïque et des énergies renouvelables à destination des scolaires et des agents de la ville.

En savoir plus : www.agenda21.lorient.fr

Au Pays de Fougères, un guichet unique pour simplifier les rénovations

Depuis octobre 2015, les 77 361 habitants du Pays de Fougères bénéficient d’un service de conseil en rénovation : Rénobatys. Cette mission de service public, composée de six techniciens, a renseigné 2 100 citoyens en trois ans. 29 % de ces ménages ont entamé leurs projets de rénovation et 225 rénovations sont aujourd’hui finalisées. Au travers de divers entretiens, d’un bilan énergétique détaillé du logement et de plusieurs scénarios de travaux, le citoyen bénéficie en moyenne de près de 15 heures d’étude fournis par le conseiller en énergie, lui permettant de se projeter sur son reste à charge et les travaux à engager. Au final, les travaux génèrent en moyenne 44 % d’économie, avec en moyenne trois types de travaux d’énergie réalisés (isolation des combles, remplacement de fenêtres, système de ventilation et de chauffage). Ce service joue également un rôle social prépondérant puisque 50 % de son accompagnement concerne les ménages modestes et 16 % les investissements locatifs. Enfin, Rénobatys travaille en étroite collaboration avec la Ville de Fougères sur la résorption de la vacance, son ingénierie a permis d’accompagner la mise sur le marché de 19 logements dont 13 logements vacants.

A Lorient, un nouveau collectif de « consometers »

A Lorient, le collectif des « consometers » se réunit depuis juin 2018 autour des logiciels libres permettant l’affichage des consommations et productions d’énergie. Leur objectif : rendre l’énergie visible, diffusable et compréhensible par tous dans une logique de transition écologique, sans dépendre de logiciels propriétaires et dans une logique de bien commun, et outiller les projets citoyens de production d’énergie renouvelable. Deux exemples de logiciels libres – BeMyHomeSmart et logNact, tous deux made in Breizh – sont utilisés dans cette optique. Ses membres cherchent à se fédérer (avec d’autres logiciels ou en dupliquant leurs solutions sur d’autres serveurs) pour participer à la décentralisation énergétique, en co-écrivant des documents sur le principe de fédération informatique, la prestation libre et en travaillant avec l’Agence locale de l’énergie et du climat pour développer des projets régionaux.

En savoir plus : www.aloen.fr

Pour en savoir plus, écoutez la conférence de La fabrique du Loch de juin 2018 : « Quand les logiciels libres créent du bien commun et aident des initiatives citoyennes. C’est aussi ça la transition »

Au Mené, la thermographie suscite l’intérêt des habitants

Le chauffage est le premier poste de consommation des ménages. Pour atteindre l’autonomie énergétique, l’isolation du parc immobilier est donc une priorité du Mené. Aujourd’hui, les freins à des rénovations efficaces sont multiples : formation des artisans, coût des travaux… et perception de leur consommation par les habitants eux-mêmes. La Commune a donc organisé une thermographie aérienne du territoire en janvier 2017. Un avion a photographié, équipé d’une caméra thermique, l’intégralité du territoire pendant deux nuits, dévoilant les déperditions de chaleur de chaque toiture. Ces images thermiques furent restituées aux habitants lors d’un « Salon de la Thermographie » en avril. Les habitants ont alors découvert la performance thermique de leur toiture grâce à un code couleur allant du bleu (peu de déperdition) au rouge (déperdition forte).

Quinze élus volontaires ont été formés à analyser les images pour les expliquer à leurs administrés. Des partenaires (Agence locale de l’énergie et du climat et plateforme locale de rénovation de l’habitat) étaient présents pour les informer sur les travaux de rénovation possibles. La fréquentation du salon a dépassé les attentes des élus : 650 personnes sont venues consulter les résultats, soit 10 % de la population du Mené ! L’opération, d’un coût de 30 000 euros, a été financée par le fond TEPCV. Ce succès est une leçon : les actions de transition énergétique mobilisent quand chaque habitant peut en voir les effets sur sa situation personnelle. L’année suivante, 100 000 euros ont été alloués à l’aide à l’isolation des combles perdus pour les particuliers, financée grâce aux CEE-TEPCV. Plus de soixante personnes ont ainsi isolé leur toiture. En 2019, la caméra thermique déambulera à nouveau dans le Mené pour diagnostiquer les façades lors des « Nuits de la Thermographie ». Cette action sera conduite chaque hiver dans une à deux communes déléguées différentes.