La France recule sur son action pour le climat et la transition énergétique ?
Ce 19 juillet 2018, le ministère de la transition écologique et solidaire faisait un point d’étape sur la révision de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Des reculs majeurs ont été annoncés à cette occasion.
Loin de renforcer l’ambition pour atteindre la neutralité carbone, le ministère a au contraire présenté un point d’étape avec des budgets carbone à 2023 – les plafonds d’émissions de gaz à effet de serre – qui seraient dépassés. La France ne respecterait ni l’objectif d’énergies renouvelables fixé pour 2030 par la loi de transition énergétique ni celui qu’elle a elle-même porté en Europe pour s’afficher parmi les pays ambitieux sur la scène européenne.
Parmi les reculs présentés à ce stade :
- L’ objectif de la loi sur la transition énergétique d’avoir la totalité des logements très bien isolés en 2050 (niveau BBC) est abandonné avec un rythme moyen de 500 000 rénovations performantes annuelles d’ici à 2050 au lieu des 700 000 nécessaires.
- L’ objectif de la loi sur la transition énergétique de 32 % d’énergies renouvelables en 2030 est revu en catimini à la baisse à 31 %, alors même que la France a poussé et obtenu un objectif contraignant de 32 % au niveau européen en juin dernier.
- L’ objectif d’avoir des véhicules neufs consommant en moyenne 3l/100km en 2030 est porté à 4l/100km.
Ces reculs amènent à un dépassement des budgets carbone jusqu’à au moins 2023, c’est à dire à autant de gaz à effet de serre de plus dans l’atmosphère qui contribueront à nous éloigner des objectifs de l’accord de Paris.
Pour Anne Bringault, coordinatrice sur la transition énergétique pour le CLER et le Réseau Action Climat “Le gouvernement profite de la pause estivale pour sabrer ses ambitions sur le climat et ses actions pour la transition énergétique. Freiner sur la rénovation performante des logements et le développement des énergies renouvelables renforce la dépendance de la France et des ménages aux énergies polluantes.”
Pour Lorelei Limousin, responsable des politiques Transport au Réseau Action Climat « Alors même qu’une loi mobilités est en préparation, le gouvernement freine la transition énergétique dans le secteur des transports dont les émissions ne font pourtant qu’augmenter. Plutôt que de miser massivement sur le report modal vers d’autres modes de transport que le routier et l’efficacité énergétique des véhicules, le gouvernement se tourne vers de fausses solutions comme les biocarburants. C’est irresponsable d’un point de vue climatique mais également sanitaire. »
Les projets de SNBC et de PPE seront soumis pour consultation à l’automne. Pour les ONG du Réseau Action Climat, la version présentée ce matin doit être revue à l’aune de l’accord de Paris avant son adoption définitive en fin d’année.