Investissements climat : où en sommes-nous ?
Selon le Panorama annuel des financements climat de l’institut I4CE, les investissements réalisés par les ménages, les entreprises et les pouvoirs publics, en faveur du climat ont atteint le montant record de 100 milliards d’euros en 2022. Mais que signifie ce chiffre ? En matière de rénovation thermique et de production d’énergie renouvelable les investissements sont-ils suffisants au regard des objectifs ? Et au coût de l’inaction ?
Entre 2021 et 2022, les investissements dans le climat ont progressé de 9%. L’augmentation a été la plus nette dans les domaines de la rénovation énergétique des logements, des énergies renouvelables et des véhicules bas-carbone. La hausse se poursuit en 2023, avec un investissement total évalué à 108 milliards, mais ralentit : les investissements dans la rénovation énergétique des bâtiments ne progressent plus que de 3%, ceux relatifs aux énergies renouvelables et aux réseaux de chaleur n’augmentent que d’1%.
Le compte n’y est pas
Ces dépenses ne sont toutefois pas à la hauteur des besoins. Selon le scénario provisoire de la Stratégie nationale bas carbone, il faudrait investir chaque année 58 milliards d’euros supplémentaires pour atteindre les objectifs fixés pour 2030 : réduire de 55 % nos émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Pour les énergies renouvelables, dans lesquelles 12 milliards ont été investis en 2022, il manque, annuellement, 2 milliards d’euros. Pour la rénovation énergétique des bâtiments, pour laquelle 22 milliards ont été investis en 2022, le besoin d’investissement supplémentaire annuel est évalué à 28 milliards ! Un rapport remis à la Première ministre en mai 2023 par Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz évoque des ordres de grandeur similaires : il manque 66 milliards par an d’investissements publics et privés pour atteindre la neutralité carbone, dont 21 milliards pour la rénovation des logements.
Le coût de l’inaction
Les investissements climat sont principalement portés par les ménages et les entreprises : les pouvoirs publics ont financé un tiers des dépenses en 2022. L’effort supplémentaire à réaliser doit donc être partagé. Mais il est indispensable. En décembre 2023, l’ADEME a publié une étude sur les risques climatiques et leurs coûts pour la France. Cette analyse macroéconomique a évalué l’impact économique de l’absence de toute nouvelle politique de transition après 2022. Le scénario de l’inaction climatique atteint 7 points de PIB annuel à l’horizon 2100, ce qui, sur la base du PIB 2022, représente près de 185 milliards d’euros courants ! Un autre scénario, dit de transition retardée, évalue le coût de la poursuite des politiques existantes et du développement des énergies fossiles jusqu’en 2030, avec la mise en œuvre de politiques volontaristes à compter de cette date : l’addition s’élève alors à une perte annuelle d’1,5 point de PIB en 2030 et de 5 points de PIB en 2050 (soit 132 milliards, sur la base du PIB 2022).
Le calcul est clair : ne rien faire face au changement climatique est bien plus onéreux que d’investir pour en limiter les effets.