Tout a commencé sur Internet. Il a fallu quelques clics à Sébastien, installé à Chemillé en Anjou dans le Maine et Loire, pour participer au financement de projets d’énergie renouvelable citoyenne par le biais de l’association Énergie Partagée. Puis, un tract est arrivé dans la boîte aux lettres de cet informaticien : “Des citoyens cherchaient à mobiliser des voisins pour la création et le financement d’un parc éolien sur ma commune”, se souvient-il. Il rejoint alors avec enthousiasme le collectif qui travaille au développement du Parc de La Jacterie et ses 5 éoliennes.

Une gouvernance 100% citoyenne

Tout s’accélère lorsqu’un second parc situé à quelques kilomètres de là est à vendre. Le Mainois, aujourd’hui âgé de 45 ans, décide alors de s’engager plus fortement. Il crée un deuxième groupe de travail dédié au rachat du futur parc citoyen de l’Hyrôme, et y consacre même trois mois et demi, à titre bénévole : “J’ai un parcours d’ingénieur, raconte-il. Depuis le début de ma carrière professionnelle, j’avais vraiment envie d’agir pour la protection de l’environnement. Alors ce projet mêlant les sciences, l’écologie et l’implication au niveau local correspondait parfaitement à mes attentes.”

De village en village, en passant par Angers où une réunion est également organisée, le collectif mené par Sébastien Cesbron cherche des soutiens financiers pour l’acquisition des 5 éoliennes d’une capacité totale de 2,4 MW. Électricité, réseaux, capacité, consommation, nuisances… “Les habitants avaient beaucoup de questions sur l’énergie”, se souvient Sébastien Cesbron. Finalement, après huit mois de mobilisation, 371 citoyens sont convaincus et investissent dans ce projet. 

« Nous nous réapproprions collectivement l’énergie produite ici »

Les citoyens aux manettes

50 % des fonds collectés proviennent de l’investissement citoyen et 50 % des collectivités locales – 5 millions d’euros au total. La communauté de commune Mauges Communauté et le Département accompagnent le projet dont la gouvernance reste 100 % citoyenne. “Aujourd’hui, dans les Mauges, quand un projet d’éolienne est dans les tuyaux, les habitants s’en emparent sous forme de collectifs citoyens. Nous nous réapproprions collectivement l’énergie produite ici”, observe Sébastien Cesbron. Quatre parcs éoliens citoyens tournent actuellement dans un rayon de 20 kilomètres autour de Chemillé en Anjou. 

La sobriété : un nouveau défi

“Ce parc appartient aux habitants, poursuit Sébastien Cesbron. Les profits générés sont redistribués localement. C’est un argument fort pour convaincre les anti-éoliens, et rassurer les riverains qui nous connaissent et peuvent discuter avec nous ”, estime Sébastien Cesbron, qui supervise désormais l’exploitation du parc de l’Hyrôme dont l’électricité est revendue à Enercoop. « De mon côté, j’apprécie l’action collective, le “faire ensemble”. Pour le dynamisme local, c’est très positif!”, se réjouit l’informaticien. Maintenant qu’ils produisent leur propre énergie – 32 500 MWh par an – c’est à dire la consommation électrique de 11 000 ménages (hors chauffage et eau chaude sanitaire), les citoyens continuent leurs actions au sein de l’association Atout Vent en s’attaquant cette fois à l’autre enjeu majeur de la transition énergétique : la sobriété.